2015

Le ciel de Valence

Le ciel de Valence

un ciel gris un gris froid
de la brume et des frissons
c'était en août pourtant

ce jour-là
à l'aquarium de Valence
des poissons avaient nagé
au-dessus des têtes

le cou cassé
la bouche entrouverte
les visiteurs les regardaient à travers les parois
d'un tunnel de verre

on se lasse des écailles
des couleurs tropicales
des mouvements aquatiques
imprévisibles
et des branchies qui s'agitent

Les voyages nous entraînent toujours sur des chemins de traverse

« Le voyage est un état d’esprit », Nicolas Bouvier

Cent-quatre-vingt-neuf kilomètres, deux heures dix-huit minutes de voiture, et une heure de traversier me séparent de l’Île Verte et de l’écriture. Je suis contrariée. Je me sens égoïste de l’être.

Oeuvres éphémères sur la grève

Assisse sur la plage, je joue comme un enfant avec les algues. Je laisse mon imagination m'emporter loin des tracas quotidiens. Le murmure des vagues en toile de fond,  je sens que le temps m'appartient. L'environnement m'inspire des créations farfelues et je leur tend l'oreille, je me laisse entrainer. Les rochers s'animent et me suggèrent de drôles de formes, mes mains sont impatientes de les façonner, de voir ce qui va surgir. Une connexion profonde avec la nature m'habite à présent et je ne vois plus le temps défiler.

Suite géologique

J'ai cueilli une roche
y ai dessiné des plumes.
Elle s'est transformée en aile.

Je l'ai laissée là
suis partie
elle s'est envolée.

J'en ai cueilli d'autres
les ai gardées dans mes poches.
Je suis restée au sol.

Je les ai ramenées avec moi
elles ont fait des racines
j'ai dû les planter.
Elles ont poussé
se sont transformées en îles.

Autour de moi
parmi elles
la mer

À une baleine

L’air salin asséchait les lèvres et piquait les yeux. Les roches glissantes se hérissaient en pentes abruptes. Il y avait le bruit des vagues sur la grève, celui du vent, le cri des goélands et des canards… Nous tentions maladroitement d’enjamber les flaques d’eau vaseuses laissées par la marée sur son passage. Plus nous avancions et plus le phare où nous étions hébergés nous apparaissait être un point minuscule à l’horizon.

En état d'apesanteur

Ouverture sur l'horizon
Voilure migratrice
Temps suspendu
Que la mémoire comme couture du temps

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