Publié le 04/12/2016 - 16:48
J’observe l’autoroute des Laurentides se dérouler devant moi depuis un peu plus d’une heure. CHOM, la station de radio, joue en sourdine. J’ignore si c’est le fruit du hasard ou d’une force qui échappe aux lois naturelles, mais la voix d’un cowboy notoire me rappelle le motif de ma présence sur cette route bordée d’arbres où se profile, à l’horizon, une pente de ski enneigée : écrire un récit de voyage. À la fois par moquerie et par enthousiasme, je m’empresse de lever le son et d’accompagner monsieur Nelson en faussant : « On the road again. Just can’t wait to get on the road again. » Distraite, je suis les indications de mon GPS et passe de l’autoroute à un chemin de gravier sans m’en rendre compte. Je fais plusieurs kilomètres sur ce sentier, en pleine forêt, avant de me rappeler qu’il me faut arrêter dans une épicerie pour m’acheter de quoi me sustenter au cours des trois journées que je m’apprête à passer dans une cabane dans les arbres. Comme j’approche du pavillon d’accueil des Refuges Perchés, le site touristique où David, le copain de ma cousine, a construit et loue une dizaine de chalets en hauteur, je choisis d’aller m’inscrire et de revenir sur mes pas pour trouver un endroit où m’acheter de quoi manger par la suite. Je stationne ma voiture dans un grand espace désert, au milieu des arbres, et réalise à quel point je serai seule pendant mon séjour. Enchantée par cette idée, je sors de la voiture et prends le temps de me laisser imprégner par les sons et les odeurs qui m’entourent. J’entends le vent dans les branches, le bois qui craque et les oiseaux qui chantent. Je respire l’odeur des conifères qui évoque celle des Noëls passés en famille, à l’époque où nous tassions les cadeaux sous un véritable sapin. Cet effluve est supplanté par un autre, plus âcre, un parfum de végétaux en décomposition, celui de la neige qui se liquéfie et révèle ce qu’elle recouvre : feuilles, branches, terre humide ; les laissés pour compte de l’automne précédent.
Photo : Geneviève Sabourin