Publié le 12/04/2016 - 18:11
Je suis habitée par cette mélancolie. Elle construit mon visage, définit ce regard froissé, dépeint sur mon existence et se dissimule derrière mon sourire brisé; mais qui sait performer. Il te trompe, il est malhonnête, il me dissimule; aussi dévasté qu'il semble rayonner. L'illusion rassurante, qui maintient une communication confortable; éviter de vraiment savoir.
Elle est en moi; elle est moi. Je suis divisée par elle; elle fait partie de moi et m'éloigne de qui je suis.
La mélancolie me transpose ailleurs, m'empêche d'être ici; je ne peux profiter de ce moment avec toi. Nous sommes ensemble; nous sommes seules, ensemble.
Non; elle m'empêche de jouir de ta présence, car je ne pense qu'à son absence. À elle. Elle qui est partie, et qui nourrit ma mélancolie. Qui a creusé ce vide dans ma chambre, dans notre lit, dans ma vie.
Elle et moi sommes comme ces deux phrases reliées par un point virgule; faisant partie l'une de l'autre, mais séparées.
Son souvenir domine mes pensées, dirige mes pas, m'extrait du lieu où réside mon corps. Je ne suis pas ici; mon corps peut-être, ma tête c'est autre chose. Son odeur est imprégnée dans mes pores qui la respirent. Son parfum plane dans ma psyché. Chaque inspiration nasale la ramène en moi, puis laisse une partie d'elle dans mon crâne, qui la retient. Il ne veut pas l'expirer; il veut la garder. Les fleurs fânées et l'acidité brûlée que son corps dégage. Voilà ce dont j'ai soif. Son poison qu'elle m'injectait à chaque baiser.
Toute personne a une musique. La sienne résonne encore dans mon ouïe, je l'entend. Elle me réveille, elle coule dans mes veines, elle les brûle. Elle est virgurle. Elle rajoute sans cesse de nouvelles notes à leur tonalité circulaire. Je la sens vibrer en moi; je boue et ne peux me contenir.
Tu me regardes et tu ne me vois pas. Tu n'entends pas la souffrance qui rythme mes paroles. Je la dissimule sous chaque regard détourné. Je suis là, mais je ne suis pas. Je suis allleurs; elle me ramène à elle, la mélancolie.
Elle est omniprésente; je ne peux la fuir. Ni elle, ni la mélancolie; elle vont de pair. Ensemble, avec moi, sans elles.