Publié le 09/25/2016 - 14:52
MONTRÉAL, PM
Demi-tour sur moi-même. Arrêt sur image. Dernier étage, quatrième trou sur la gauche: une fille joue du sax. Debout sur son balcon encastré dans le ciment, elle souffle obstinément, sans s’arrêter, un flot de notes délicates où se greffent des cris qui arrachent les tympans. Plantée là, sur son morceau d’extérieur, elle regarde fixement les notes de sa mélodie grimper le fer tordu de la rambarde, puis plonger une à une dans l’Ailleurs.
Elle s’écoute.
Parce que qui le fera si ce n’est-elle ?
Dédalle pour tomber
Dans les trous-fenêtres
...
Je cherche les morceaux
Dédale pour l’impasse créatrice des détours-sens
...
Dans le bouton de ma rose des vents
Ensemble
On dessinait l’Ailleurs
Pour étancher notre soif des possibles
On a donc intuitivement peint l’Impossible
Voyage-perdition ?
Dans mes rivières
Il pleut des clous
Aujourd’hui les rues se sont mouillées de pluie. Pendant que je fouillais mon dédale, je les ai regardées se colorer doucement de noir de gris. Ce n'est pas la première fois que j'essaie d'y retrouver tes yeux. Arrivée interstice mémoire-bleue-rétine: je plonge. Pour m’y baigner en monochrome. Parce que même s’il ne reste plus que le toc des gouttelettes martelant l'entrée du tapis qui se décompose tranquillement, qu'importe. Je me suis fait promesse. Te faire vivre. Par dessus, par en dessous, par en dedans. Tu verras. Les saisons qui passent.
Va-et-vient
L’étrange toucher d’une absence-présence
Voyager.
Apprivoiser le retour.
En me traînant
Les pieds
Nulle part
Je marche
Quelque part
Around the clock
En se traînant
Les pieds
Nulle part
On marche
Crissement
Hypocrites
Quelque part
Around the clock
Ne se voit-on jamais qu’à travers les reflets obliques?
Voyager : déplacer le miroir.
Dans l’Ailleurs
L’horizon Temps
S’allonge
Devant
Un dédale Fenêtres
Le temps
Comme
Du verre soufflé
Je marche pieds nus dans le dédale-labyrinthe
Mes mains s'écorchent
Sur les brèches du verre brisé
Ne les trouvez-vous pas belles
Les écorchures des vérités fracassées ?
21.11.2016
Ça fait des semaines qu’on se lit. À tirer sur les fils, nécessairement, on effleure l’empreinte du motif sous les mots.
Aujourd’hui, mes camarades ont questionné mes blancs.
C’est vrai que j’écris en laissant tomber des trous…
Écriture trouée : pratique qui consiste à redonner de l’espace au vide pour accueillir l’errance subversive des pensées autonomes embrassant l’action poétique de la création spontanée.
Dédaller : (Voir déf. Écriture trouée)
Nuit
D’orage Présage
Déborder
Les rivières
Nuit
D’orange Lumière
Prendre
Miroir
Grand large
Il y a des retours qui font mal. Parce qu’ils nous plongent à rebours. Nous rappelant qu’il y a des lieux d’où on ne revient jamais vraiment.
Tu n’as rien dit quand mes doigts ont creusé ta cuisse pendant que les survivantes accrochaient leurs mots-fractures sur la corde raide tendue au milieu du Quai. Tu m’as laissée caler ma bière. On est sortie du bar. Puis, dehors, dans tes bras, j’ai serré les dents. Tu m’as laissée pédaler devant. J’allais vite, sans regarder derrière. Mais sûrement pas assez, parce que le film de l’explosion s’est quand même rejoué en boucle. Je me suis revue me faire sauter. Effacer les pas derrière moi. Puis, m’imposer l’oubli du geste. Prenant chacun de mes pas-reculons pour tracer l’incision sur la rétine sensible de ma mémoire.
L’illusion du ça n’existait pas.
Dans l’usure
De tes replis
Nos trajectoires
Cartographiées
Comme des poings
Relever Amers
Partie
Faire
Détours
Après le ...
Votre boîte vocale est pleine.
Le voyage comme dépouillement
Privilège des sur-saturé.e.s ...
Qu’elle est belle, la prétention du tout-compris.
Elle aime prendre l’ascenseur pour la plongée du corps comme une rébellion dans le vertige du vide elle jouit du perdre pied se jouant de notre claustrophobie quand se regardant se regarder le moi sur-centré entre les murs mécaniques de notre petite boîte à l’obsession-ascension elle prend conscience du tracé ligne-droite qui nourrit les projections trimestrielles du cycle performance de la machine à lessiver
(Dans son carnet Les yeux grands fermés daté du 30.09.2016, Andrea Barbieri s'inspire des voyages en ascenseur. Ses écrits ouvrent un questionnement. Quels rapports à soi se dessinent dans l'expérience banale mais non moins singulière d'une remontée en ascenseur?)
Dédalle pour tomber
Dans les trous-fenêtres
...
Dans la chute
Inspire en corps
Encore
Le débordement
Créer.
Sentiment d’urgence. Trop-plein qui demande, qui réclame Le débordement
Créer.
Voyage de l’intime, du particulier. Dialoguant avec l’universel… ?
Parce que tout art discourt. Tissera des liens dans et par-delà le réel. Le fera voyager vers l’Ailleurs. Ou le même... Mais toujours : déplacements. Et donc reproduction d'ancrages. D’où l'idée d’engagement.
Créer.
Nécessaire conscience d’Être en éveil.
Créer.
Partir d’une sensibilité. Toujours. Ça ouvre des brèches. Y passer la tête, mais tout le corps aussi. Surtout, avoir le courage de regarder. Voir pour questionner. Le ressenti. Puis créer. Surtout. Ne pas avoir peur de créer.
Créer.
Point poids lourd, mais énergie dense et diffuse voyageant dans et hors de moi. Vouloir faire corps. S’apprivoiser. Bientôt deux. À l'écoute de l’Envers. Forces. À revoir : nouveaux points d’appuis dans le réel.
Créer.
Est-ce que ça ne se passe pas toujours sur un seuil?
Moment de bascule. Dans l’inconnu.
Le… à créer. Justement.