Un voyage à étapes (prise 2)

Auteur·e du carnet: 

« De ces voyages qui vous font et vous défont…»

Je parle rarement du retour de mon six mois en France. J'adore raconter ce que j'ai vécu là-bas, toute la culture qui se trouve en Europe, ma passion du voyage qui y est née... après la liberté et les découvertes, il me fallait revenir à Montréal. J'évoque encore moins souvent la rencontre que j'ai fait sept semaines avant de revenir « à la maison ».

Mes parents avaient vendu ma maison d'enfance durant mon absence. Ils avaient aussi donné mon piano à un jeune garçon qui voulait apprendre. J'avais 21 ans, cela ne devait pas « mal » se passer. Bizarrement, à mon retour, j'avais perdu mes objectifs, mes ambitions, et j'étais dans une relation passionnément malsaine.

Un voyage qui m'écrase au retour.

Le vrai retour à Montréal fut la rupture amoureuse un an après le retour  « physique » de ma personne. J'étais allée en Suisse entre-temps et j'avais déménagé dans mon premier appartement. Mais je n'étais pas encore là, là. Comment me retrouver?

Il fallait me créer de tout nouveaux repères, de multiples réseaux de repères, pour ne plus jamais me perdre. Mieux qu'une carte, il me fallait pratiquer l'espace et le connaître intimement, jusqu'aux entrailles. Mes tripes l'exigeaient. 

J'ai commencé la course à pied. En six semaines, je courrais des demi-marathons un peu partout au Québec.

F*ck it.

Changement de sport, je commence le triathlon. Dans l'eau, je n'ai plus de plan, je n'entends plus rien. Je souffle. J'ai abandonné tous les repères que je m'étais créés parce qu'ils n'étaient que des moyens de rebondir.

Et je rebondissais un peu trop.

Vide

Me faire frapper en vélo par une voiture deux semaines avant mon premier triathlon. 17 juin 2013. Ambulance, hôpital, mais rien de majeur. La vie m'a simplement flanqué un panneau  « Arrêt » en plein visage. Je me souviens de la date parce que les médecins me l'ont demandée plein de fois pour vérifier si j'avais eu une commotion cérébrale.  « Mon nom est Rachel, je suis à l'hôpital du CHUM sur René-Lévesque, nous sommes le 17 juin 2013, j'ai eu un accident en vélo sur Papineau. »

Soit confrontée à l'absence lors des moments difficiles. Proches de la mort. Ne bouge plus, mais n'attends pas non plus.

Reprendre un chemin

Recommencer à marcher, à faire de la bicyclette et de la natation. Déménager, encore. Commencer un nouveau programme scolaire. Reprendre le rythme d'entraînement doucement. Changer de programme scolaire.

J'ai réussi à faire un triathlon deux mois après mon accident. Je ne voulais pas abandonner, je ne voulais plus abandonner. Une distance plus courte que prévue, mais un triathlon le jour de mes 24 ans quand même. Et un départ dans le fleuve St-Laurent avec autant d'algues que l'on peut imaginer.

Prendre son temps

De vivre, d'aimer, de pleurer et de guérir. C'est ça aussi, voyager.

I'm not the prettiest you've ever seen
But I have my moments, I have my moments
Not the flawless one, I've never been
But I have my moments, I have my moments
I can get a little drunk, I get into all the don'ts
But on good days I am charming as fuck
I can get a little drunk, I get into all the don'ts
But on good days I am charming as fuck  1