Lettres de non-voyage III

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Lettres de non-voyage III

N’ayant jamais connu de réel « Pendant », de présent du Voyage, il m’est venu le choix d’épouser deux postures bien étrangères. D’une part, je m'éprendrais du rêve de l’autre.  Je m’ouvrirais à ses codes et m’immergerais dans la folie aliène. De l’autre, j’élaguerais ces codes, sorte de processus de déconstruction sans prétentions derridiennes, de mise en fragment, aide à la compréhension du mythe Voyage, ses fondements, sa dialectique. Cette seconde option, si tôt élue, je l’affublerais du terme d’Antesthétique (de l’avant, opposée à l’avant de). Elle serait mes lunettes, mon approche de fragmentation. Gardez à l’esprit que je détaye les fondations de quelque chose de plus grand que moi, que nous, mal et à tâtons, pour construire un rapport plus simple aux choses.

Cette troisième lettre s’ouvre sur une genèse. Il faut, semble-t-il, pour l’esprit de l’occidental se donner un commencement, sorte de plateforme ou le pourquoi flirt avec le comment, le qui et un à rebours. Oui car où allons-nous ? Voilà une question qui brûle les lèvres. « Le chemin à parcourir », de son étymon veiage était d’une prescience bien étrange. On apprit récemment qu’il fallait passer du voyage à destination (« la fin de semaine à Paris ») au Voyage de l’Expérience, du moment; réelle naissance du Rêve désiré, voulu. La destination ne devint qu’appétence du vulgaire, le touriste du monde. Le Voyage nait donc de ce fantasme vécu dans un présent présupposant déjà sa désuétude. Le fantasme ne laisse plus de place à la force de l’immédiat, il ne se consomme que par un tiers, par une médiation en constante actualisation. Cette médiation qui nourrit le fantasme n’est nulle autre que le Credo de celle, de celui qui est revenu, de l’Agent, de l’Agente de Partage. Car ce déplacement sémantique ne se comprend que par la mise aux enchères d'un Rêve voulu.

[à approfondir]