Apprentissage-s

Auteur·e du carnet: 

Carnet 01

Écrire… est-ce, en soi, un voyage?

Oui. C’est un long voyage. Il est parfois périlleux, parfois douloureux, mais il ne saurait être dangereux. C'est plutôt libérateur.

Écrire, c’est un long voyage, un voyage qui ne finit pas. On ne peut jamais vraiment finir ce voyage-là. Nous le savons tous, en tant qu’auteur, que nous ne pouvons pas dire avec certitude que nous avons terminé notre œuvre.

Écrire, c’est apprendre, c’est rechercher, c’est pleurer, c’est rire. C’est tout à la fois.

C’est, surtout, lire. Lire est probablement le plus beau des voyages. C’est apprendre, savourer. Voir un auteur à travers un livre. Ça peut être jouissif comme d’une grande tristesse. Aussi, la lecture nous change.

Toujours pour le mieux, certainement.

 

Carnet 02

Mr. Tam-tam,

On s’est promené.

On t’a vu.

Là-bas, sur la ligne bleue, à Montréal.

T’étais loin, t’étais proche. Les deux.

Tu ne parlais pas français, Mr. Tam-tam.

Tu ne parlais pas anglais, Mr. Tam-tam.

Ici, à Montréal, c’était un entre-deux.

C’était l’anglais, c’était le français, c’était quelque chose, c’était ta langue.

Ta parole,

Ta voix,

C’était tam-tam, ton travail.

Ta passion? Ta joie?

On t’a vu cet après-midi-là, Mr. Tam-tam, et c’était beau.

 

Carnet 03

Pourquoi écrit-on? Est-ce pour nous? Est-ce pour une personne en particulier? Est-ce pour faire de l’argent? Pour dénoncer? Pour faire rêver? Pour faire pleurer? Pour faire parler, peut-être?

Écrire. C’est un grand mot, je trouve. Il vient avec son lot de significations. Est-ce la même chose pour tout le monde? Je ne crois pas. Nous n’avons pas tous le même bagage. Qu’il soit littéraire, monétaire ou familial.

Pour certaines personnes, ce n’est pas utile. « Qu’est-ce qu’on peut faire avec un bac en études littéraires? » C’est toujours la question qu’on me pose quand on me demande en quoi j’étudie. Je suis presque gênée de répondre.

Je n’ai pas décidé d’aller dans ce domaine d’études pour l’argent. Je n’ai pas décidé non plus en fonction d’un futur emploi, même si ça pesait un peu dans la balance. En fait, c’était parce qu’à l’UQAM, on a un merveilleux BAC en Études littéraires qui permet ceci : écrire. Créer.

Pour moi, écrire, c’est une passion. C’est un passe-temps. On m’a toujours dit que j’avais une grande imagination. Que je devrais écrire pour la jeunesse. Ça m’a poussée à être là où je suis aujourd’hui.

Pour d’autres personnes, ce que je fais, ça ne sert à rien. Je n’ai toujours pas de travail dans le domaine, je n’ai pas réellement de but précis professionnellement parlant. Pour certaines personnes, j’ai gâché mes études en choisissant l’écriture et la lecture avant de penser à « avoir une vraie job ». Parce que tsé, être caissière, c’est pas une vraie job.

Il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles nous écrivons. Les gens qui n’écrivent pas ou n’y voient pas d’intérêt ne comprennent pas nécessairement ce que nous, auteurs, faisons. Il n’est pas nécessaire de comprendre, non plus.

Que tu me lis ou non, que tu aimes ce que j’écris ou non, ça ne changera rien au fait que je vais continuer d’écrire. Bin oui. Juge-moi.

 

Carnet 04

Peut-on écrire ce que l’on veut?

Je me le demande souvent. Où sont les limites de l’acceptable? Quand faut-il s’arrêter?

L’écriture et le voyage apportent des libertés que nous n’aurions pas connues autrement. Par contre, je crois que ces libertés ont des fins.

Nos sociétés, d’un pays à l’autre, ont des cultures différentes. Voyager, c’est avoir la liberté d’apprendre et d’élargir ses horizons. C’est la même chose pour la lecture, puis l’écriture. Cependant, dans toutes les sociétés, il y a des limites.

Je ne sais pas comment bien l’exprimer, mais nous ne sommes pas entièrement libres lorsque nous écrivons. Nous pensons que c’est le cas, puisque nous choisissons les sujets, les thèmes, les personnages, l’histoire. Nous sommes des dieux pour nos récits. Mais il y a cette barrière invisible, cette barrière que se met entre nous et le papier et qui nous pousse à nous dire des choses comme « Ah ça, je crois que les gens vont pas aimer. » ou encore « Si je dis ça, il y aura des conséquences. » Et cela va de même avec les voyages. « Qu’est-ce que je peux faire, qu’est-ce que je ne peux pas faire. Si je fais ça, j’aurai l’air de quoi face aux autres? » L’opinion des autres semble plus importante que nous le voudrions.

Je ne parle pas ici d’opinions et critiques qui peuvent nous aider à nous améliorer. Je parle des barrières de la société, les jugements infondés, les stéréotypes, ce qui est correct et ce qui ne l’est pas. Voyager et écrire, c’est aussi apprendre que nos sociétés ce ressemblent dans ce qui est politiquement correct et ce qui ne l’est pas. C’est aussi apprendre qu’ailleurs, nous sommes libres, et qu’ailleurs, nous sommes enchaînés.

Voyager et écrire, c’est s’ouvrir aux différentes cultures. C’est aussi les critiquer. Écrire, ça peut être aussi pour ça : tenter, à sa façon, de poser des suggestions pour nous rendre meilleurs.

 

Carnet 05

Si y a bien quelque chose que j’aime faire dans la vie, c’est manger.

J’aime ça. J’aime la bonne bouffe maison. J’aime en faire, j’aime les odeurs, j’aime toucher, couper,  bouillir. Tout. Sauf la vaisselle qui vient après.

Si j’avais pu voyager ailleurs qu’au Québec et les États-Unis, je serais allée en Grèce. Pourquoi la Grèce? Pour son histoire. Pour les gens. Pour sa culture. Pour la beauté de ses paysages. Je serais allée en Grèce et j’aurais sauté dans tous les plats possibles pour moi de goûter. J’aurais goûté, j’aurais aimé – ou pas – et j’aurais écrit dans mon journal « Ça, c’était écoeurant. Ça, c’était dégueulasse. Ce dessert-là, oh my god. »

Voyager, ça peut être plein de choses. Ça peut être manger. Ça peut être voir. Ça peut être oublier, aussi. Voyager, c’est pas non plus juste changer de pays. Ça peut être aller à Gaspé parce que le plus loin que tu as été c’est la ville de Québec. C’est très subjectif. Ça dépend de toi.

Moi, ça va être manger quelque chose que je n’ai jamais mangé de ma vie, même si je ne change pas de pays. J’aurai quand même fait un voyage.

 

Carnet 06

Écrire.

Voyager.

Deux grands mots. Des mots qui inspirent de grandes choses.

J’ai l’impression de faire cliché. De faire pseudo poète mélancolique.

Pourquoi?

Je ne suis pas vraiment une poète. Je pense. C’est quoi, un poète?

Pour tout dire, je ne crois pas qu’on puisse réellement donner de définitions définitives de toutes les notions que j’ai abordées jusqu’ici. Voyager, écrire, lire, c’est beaucoup trop subjectif.

L’écriture, pour moi, c’est une relation amour-haine.

Oui. C’est bien ce que c’est.