Publié le 12/19/2016 - 00:41
« …qu’un canal s’est pendu… »
Topologique… tous nos pas le sont. Si tu préfères « lieux-commun », cliché, déjà-vu, stéréotype et son grand frère, plus enraciné, archétype.
.Gateway-sud, j’en perds ma langue,
Arrimé à ma chaise de scipteur,
Chercheur d’or au fond de la vallée,
De l’aire industrielle, de la zone fabricante,
D’hier et de demain, éventrée par
La ligne aqueuse des hommes
***
Un chat sur la dalle,
6e vies je le vois bien,
N’attend pas que j’aille à te fouetter,
Le Sud-Ouest a des rues rangées
J’ai le cœur à bêcher,
Sur ma ville
Avant la lettre, avant la carte de Parc-Ex. J’suis parti en début de session pour me retrouver dans mon hood. Rien à rien, je n’arrivais pas à me shaker la caboche, était là pour rester comme d’hab. Non, j’ai rien à redire sauf que mes prémisses n’était pas les meilleures. J’suis parti avec comme mindset de me faire passer des ondées de noir saison dans l’âme. Y’a pu de joke qui se donne sur mon verbiage, sérieux. Fuck la mise en mot rond en bouche, cul-de-poule et alexandrin. Ch’ui tanné de me forcer à partir marcher juste parce que je trippe sur la différence. Mais bon comme le gros love, le voyage expérimental (c’est juste des tests) t’aide à vivre de belles rencontres avec autre chose que le monotone de nos vies de ‘tit militants en dormance. Toujours est-il que je me suis adonner par le quadriller de mon petit quartier à côté de rien, à la marche et l’excursion du plan d’eau appelé vaillamment canal Lachine du nom d’un arrondissement, du nom d’une ville, du nom d’une seigneurie, du nom d’un spot ben dangereux pour Champlain pis ses chums (y’avait pas de femmes dans nos histoires de début de patrie). Voilà, construit par la révolution industrielle en partance, découpant le talon de la botte montréalaise avec une entrée d’eau se jetant dans le bassin Peel, endroit mythiquement sale. J’y suis arrivé par le pont de la rue Monk et y faisait tout noir déjà, j’ai marché vers l’Ouest par « le parc linéaire » de Parc Canada Parks. J’y ai découvert… la noirceur. Des arbres pas encore en état d’être ; ils attendaient que l’humain les plantent, quelle chance. Faque était toujours dans mes esprits, dans ma tête. J’étais chicken somme toute, j’étais pas down de me faire mug dans mon hood . Fallait bien que je fasse un peu le tough pour… écrire de quoi plus tard. Je suis tombé sur un saule pleureur avec une lumière, une, dans le creux de sa cime. Le mystère de ma vie, m’a pris, j’étais tétanisé devant ce mirage … et si je redoutais un thana…
Je pensais encore à elle, je crois que l’état de second lieu n’est pas atteint ici, j’imaginais que je ne serai pas sur la grosse guest list du communitas, pourtant j’ai z’aime ben avec leurs histoires. Je suis contemplatif dans le fond, j’ai bien écouté, je regarde les belles vies et je prends le beau, bon, pas cher à mentir de chaque situation.
Là je suis tombé enfin sur le pont, a bridge too far, sur-éclairé, j’suis avancé dessus. Un homme est mort pas loin, dans le canal, y aurait-il une suite … ? Non je contemplais juste l’espèce de grue des années d’hier qui a toujours peuplée mon inquiétante étrangeté onirique. No shit, j’avais rêvé de ce géant de fer, j’avais vu un train et plus loin que les limites de mon quartier et … j’avais eu peur.
J’étais déjà en train de revenir sur mes pas quand j’ai vu une espèce de descente à l’eau, inexistante sur les abords du canal. Je me suis assis dedans, ai mis mon headset et fait jouer Brel. Avec la mer du nord comme dernier terrain vague… j’haïs les nationaleux de notre boute, mais si je devais aimer un pays sa serait le plat pays de Brel. Tout le monde est belge quand les fils de novembre nous reviennent en mai, quand la plaine est fumante et tremble sous juillet … est jamais trop loin, elle, son indifférence est une page… une page qui me laisse écrire toutes nos histoires. Est exotique, en ce sens qu’elle n’est pas moi, donc voulant remplir les blancs, j’essaie de faire sens de tout le tiraillage qu’elle me fait faire, enfin elle fantasmée, elle pas elle, comme dirait Rousseau… et je me rends bien compte que toutes ce limen, cet entre-deux est malheureusement la seule façon que je dynamise mes octobres.
Quand le froid me pogne je retrouve mon canal, et si le ciel est pas trop bas, j’y braille pas trop comme un vieux clodo. Le communitas, en octobre, c’est moi frodo, tu seul avec un fardeau, mais bon ça c’est une autre histoire.
