Publié le 10/31/2016 - 12:38
Tout à coup je n'y étais plus. Je voyais seulement les montagnes au loin et le sentier sous mes pieds qui allait m'y mener. L'eau qui clairsemait le sol entourait la route et me munissait d'un sentiment de légèreté et de liberté incommensurable. Le bruit avait disparu pour laisser la place à une vibration intérieure qui résonnait au rythme du vent. J'étais ailleurs et je n'avais qu'à marcher, avancer, me diriger tout droit, pour atteindre la hauteur des collines qui m'éleveraient au-delà. Mais au-delà de quoi? Je ne savais pas ce que je fuyais, ni vers quoi j'allais, mais je devais surpasser cet état qui me garde en otage. Je ne regardais que de l'avant et la tête penchée vers l'arrière je me projetais déjà au sommet. Peut-être trouverais-je l'essence de cette fameuse lune dont on me parle depuis l'enfance. Contrairement aux pulsations habituelles de mon coeur essoufflé, j'avais les battements cardiaques modérés qui me permettraient de gravir les échelons montagneux. J'avais peur de tourner la tête et regarder derrière moi. Il fallait que je me concentre sur la vision qui me précède. Garder cet état, rester sur ce satellite. Car si je faisais le mauvais mouvement visuel, je pourrais réaliser que je suis loin de mon illusion. Et même m'auto-rejeter de cette idylle pré-fabriquée par mon imaginaire, pour attérir de nouveau dans cette classe, parmi ces élèves captivés par le discours du professeur sur les enjeux socio-politiques.