J'écris fleuve (table-ronde)

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Le lancement de J'écris fleuve, ouvrage collectif dirigé par Isabelle Miron et Vincent Lambert, avait lieu le 27 novembre dernier à la Maison des écrivains à Montréal. Une soirée pleine d'évocations et d’émotions qui, à l’image de ce recueil d’oeuvres littéraires et poétiques, était une véritable « convocation au fleuve ». La soirée fut remplie de mots qui nous imprègnent de vents et de vagues, récits de beauté entremêlés de cris d’angoisse, souvenirs d'enfance, histoires de sable mais aussi menaces qui pèsent, lieux disparus et nature perdue.

 
Dans la petite salle Émille Nelligan, aux airs de salon familial d’une autre époque, entourés d’étagères chargées de livres, nous étions rassemblés autour de l’idée que nous portons tous de notre fleuve Saint-Laurent. Quatre collaborateurs de l'ouvrage étaient réunis en table ronde, chacun nous livrant son expérience du fleuve. Voici donc leurs propos qui ont tant ému l’auditoire qu’il se trouva nécessaire de les partager en version intégrale.
 
D’abord René Derouin, artiste multidisciplinaire dont l’oeuvre est fortement inspirée par le Saint-Laurent où il passa sa jeunesse et où il vécut également nombre d’épreuves. Il nous parle de l’influence du fleuve et de son histoire familiale sur son cheminement d’artiste, ses migrations, ses largages, son rapport aussi à l’amérindianité. Des linogravures de sa série Fleuve-Mémoire (1994-2014) illustrent J’écris fleuve.
 
Louise Dupré, poète, romancière et essayiste partage les souvenirs de sa jeunesse en mode impressionniste. Elle nous parle surtout d’assumer la beauté du fleuve et du territoire qui est le nôtre.
 
Bernard Émond, cinéaste, porte un regard sévère et inquiet sur la marche du monde et ce qu’il reste de la beauté. « Tout à coup au loin, des taches blanches, des demi-lunes fugaces, apparaissent et disparaissent à la surface de l’eau. Des bélugas. Émerveillé, vous pensez: « la beauté peut sauver le monde ». Encore faut-il sauver la beauté. »
 
C’est avec le commentaire éclairant de Lucie Sauvé, chercheure engagée dans le domaine de l’éducation relative à l’environnement et fondatrice du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste que se termine cette incursion dans l’univers fluvial de toutes nos identités. Lucie qui signe également la postface de J’écris fleuve, nous convie à un regard croisé sur art et sciences. Elle nous invite à prendre conscience du chemin parcouru par les groupes citoyens pour protéger le Saint-Laurent contre la menace des foreuses, des fracturations et des extractions. À toutes ces invasions, elle répond par la résistance et la mobilisation. Des actions écocitoyennes, artistiques et scientifiques qui s’allient finalement à ce livre, comme un engagement.
 
Les témoignages partagés lors de la soirée J’écris fleuve contribuent de manière éloquente au long récit nomade de nos imaginaires en lien avec le Saint-Laurent, notre Grand Fleuve.

Marie Saint-Arnaud

Référence bibliographique de la source: 

MIRON, Isabelle et LAMBERT, Vincent (dirg.). J'écris fleuve. Montréal : Leméac. 2015. 216p.