Pour tout prendre

Auteur·e du carnet: 

Image : Alexandros Tzortzis

Tu demandes (et toi aussi)
Ce qu'on fait avec l'image
Je sors et réponds
On fait quoi dans le hardcore hood de l'itinérance mon amour
On fait quoi quand on a plus de mains pour le change qu'on m'espère
On fait quoi quand tous les emballages à terre sont vides mon amour
Quand la sonnette sonne tout le temps par en-dedans
Devant un palier désert
On habite encore plus fort ce corps qu'on avait abandonné ?
On regarde encore plus loin les yeux du bum qui pue qui peur ?
On plonge ? On quitte on abdique ou on revient ?
(à soi, au monde)
On reste assez longtemps devant l'image pour qu'elle se recadre d'elle-même ?
(qu'elle floue qu'elle nette)

Quintettes de quenelles.

Tu demandes s'il faut cesser de produire le petit bruit des pixels
Arrêter de commettre le visible
Je te réponds de mes mains données
La plus belle réponse qu'est la question.

On fait quoi mon amour
devant le hardcore hood de l'incandescence
Le désemparement d'une femme qui veut me voler mon orange
Mon voisin qui shoot des ratons au gun, la rage aux pouces

Il me semble tellement
Que le rapport à l'image
Parle de notre inaptitude à la souffrance
Je veux dire c'est trop dûr de voir quand c'est trop dûr de vivre
Il y a trop d'images1
Mais y a-t-il trop de vie

  • 1. Bernard Émond. Il y a trop d'images : textes épars 1993-2011, Montréal, Lux, 2011.