Publié le 10/03/2016 - 11:14
12 Septembre 2016
Lorsque la prof nous a demandé d'écrire un carnet, je me suis demandé comment je m'y prendrais pour produire ce travail. Est-ce le carnet de l'auteur ou du personnage de mon roman qui doit l'écrire? Est-ce moi ou Noël Rose qui écrira ces pensées? D’abord, je dois garder le cap sur l’objectif qui m'a incité à m’inscrire au Certificat en Création Littéraire. J'ai l'intention d'écrire un roman historique sur l'histoire de mon ancêtre, Noël Rose né en 1642 à Paris. Il laissa quelques documents notariés se rapportant à sa vie en Nouvelle-France dont le premier datant de 1662. Le travail de recherche historique et d'écriture est amorcé et je prends conscience que le personnage prend de plus en plus de place dans mon esprit : est-ce lui qui pense ou moi? J'ai donc décidé de faire une place à Noël. Ce carnet sera donc un mélange de mes pensées et de celles de Noël, qui dictera ses pensées pendant son parcours de Paris à La Rochelle et pendant son voyage en bateau qui l’amena à Québec.
19 Septembre 2016
Mon père me suggère fortement de m’enfuir, la vie est insoutenable dans la Cité, il n’y a pas d’avenir ici. Mais pourquoi ne vient-il pas avec moi? Pourquoi reste-t-il dans ce monde sans postérité?
Noël est un citadin… sa sédentarité le confine à son quartier de Paris.
Pour lui, la nature est un monde étrange. Il fait des découvertes… Les animaux de la forêt sont inutiles. À Paris, les cochons nous débarrassent da la souillure des rues, les chevaux nous transportent, les chèvres nous donnent du lait et les poules nous procurent la nourriture.
Si différente du monde connu et si semblable… Sensation étrange de marcher dans la nature et de la découvrir. La terre est humide comme les pierres des pavés. Les branches mortes et les cailloux sont à éviter comme les saletés des rues. Les arbres de la forêt cachent le soleil comme le font les maisons des rues. Je croyais la campagne différente de la Cité, elles se ressemblent tellement!
Son parcours est une succession de peurs : dormir en forêt, se retrouver seul, entendre des bruits différents de ceux de la ville. La sensation d’être dans les entrailles d’une créature plus grande que nature.
Le récit de voyage n’est pas un guide touristique expliquant les endroits et les objets visités. Voyager c’est rendre un risque, c’est prendre des risques. Je me souviens de mes voyages. Je partais dans la ville qui m’était inconnue, sans objectif, au hasard de mon air d’aller, à la découverte d’un quartier, parfois malfamé, croisant les gens de la place, rentrant dans les bistros locaux, ayant l’impression de déranger les habitués. Après un certain temps, sans savoir où je me situais, je consultais la carte géographique pour m’assurer du chemin de retour. Ces moments de découvertes sont les éléments de mes récits de voyages. Lorsque je raconte mes voyages, ce que j’ai vécu est priorisé sur ce que j’ai vu. C’est ce que Noël ou le narrateur de mon roman décrira.
26 Septembre 2016
Le sujet développé en classe m’a fait réfléchir sur les choix que j’ai faits depuis le premier moment qui m’a stimulé à écrire un roman historique sur la vie de mon ancêtre.
1 – Pour qui j’écris? En premier lieu, je pense à tous ces héros inconnus qui ne font pas la manchette. Les livres d’histoires fusionnent de personnages pour qui des recherches ont été faites. On y relate les événements de leurs existences, on y décrit l’impact qu’ils ont eu dans le cours de l’histoire et on les identifie en héros ou zéros. Mon ancêtre, qui a laissé peu d’information sur le concernant, a participé à la fondation d’un pays, comme plusieurs autres défricheurs de son époque et comme les personnes qui l’ont suivies. Ensuite, je vais écrire mon roman pour mes enfants, pour leur démontrer que même s’ils ne font pas parler d’eux dans les livres d’histoire, ils ont une importance pour les gens qui les entourent. Finalement, je veux produire ce livre pour moi. D’abord pour occuper sainement le temps de ma retraite et par intérêt pour l’histoire et la généalogie. Finalement, même si ce n’est pas mon intention, je ne suis pas sans penser que si le roman est éditable… pourquoi ne pas me lancer vers cette aventure?
2 – Quel est le fil conducteur? La trame de l’histoire du roman m’est venue pensant à plusieurs événements que j’ai vécus (comme plusieurs personnes). Ces événements sont les moments de déceptions survenus qui faisaient l’objet de grands espoirs : les relations amoureuses, les référendums pour l’indépendance du Québec, les liens d’amitié, les expériences professionnelles. Mon ancêtre a dû vivre ces désillusions au cours des étapes de sa vie : son départ de Paris, les péripéties de ses parcours de Paris à La Rochelle et vers Québec en bateau, sa nouvelle vie en Nouvelle-France (un citadin en pays à coloniser), sa vie sans ressources connues.
3 – Qui va conter l’histoire? Le personnage principal de l’histoire, Noël Rose, ne peut raconter l’histoire, ni les autres personnages. Parce qu’au moment où ils raconteront leur histoire, trop d’éléments historiques leur sont inconnus. Ils ne peuvent comprendre le contexte qui les plonge dans les situations qu’ils vivent. Ils subissent les événements, ils ne peuvent les expliquer. La personne qui contera l’histoire ne sera pas impliquer. Elle sera témoin des événements, connaissant l’environnement dans lequel évoluent les personnages et surtout, quelqu’un de l’époque qui ne sait rien de l’avenir mais tout du passé.
4 – Quelle voix aura ce narrateur? Ce sera un homme avec un vocabulaire du VXIIe siècle mais avec des structures de phrases contemporaines pour ne pas perdre le lecteur d’aujourd’hui. Une recherche des mots est essentielle afin d’utiliser des mots qui existaient à l’époque. Le Petit Larousse sera la référence. Il évoquera les événements en mettant l’emphase sur les émotions des personnages et leurs caractères individuels. Son récit se fera au présent, même lorsqu’il contera les événements dans le passé : il se déplacera dans le temps avec les événements.
5 – Comment jouer avec la temporalité? Le récit ne sera pas dévoilé dans l’ordre chronologique de la vie de Noël Rose. Il débutera en Nouvelle-France, en 1668, dans un moment crucial de sa vie, où il remet en questions les décisions qu’il a prises et qui l’ont mené jusque-là : il sera raconté dans l’ordre de la pensée de Noël. Par la suite, le futur sera décrit dans la pensée de Noël dans l’ordre chronologique de sa vie… Peut-être ferai-je faire un saut dans le temps et Noël, à la veille de sa mort, pensera à ce qu’il a vécu entre 1668 et en agonie pour réaliser ce qui a changé depuis ces deux moments.
Je réalise que depuis la première fois où j’ai pensé écrire l’histoire de mon ancêtre, il y a plus de 30 ans et aujourd’hui, plusieurs choix se sont effectués. Plutôt que de parler du personnage, j’ai décidé de le faire vivre. Plutôt que de décrire des événements, j’ai décidé de les utiliser pour y faire évoluer les acteurs de l’histoire. Plutôt qu’écrire un livre, j’ai décidé d’écrire un roman. Que vais-je décider plus tard? Tout est possible…
3 Octobre 2016
Le voyage expérimental au Parc-Extension fut une bonne expérience. Une sensibilisation à la découverte de ma propre ville. Je visite souvent des musées ou participe à des événements mais jamais je prends le temps pour découvrir l’environnement et les gens à Montréal. Pourtant, lors de mes voyages à l’étranger, d’instinct, je m’intéresse à la vie des gens dans leur milieu : les travailleurs qui prennent un verre de vin ou un café au coin du bar d’un bistro et qui disparaissent en laissant la monnaie et saluant le serveur en toute amitié, les enfants qui entre dans un café de quartier de Venise ou de Cuba et qui se font servir des biscuits et du jus et repartent sans payer, en disant merci, les femmes qui se rassemblent dans un parc de Rome avec leurs jeunes enfants et socialisent, les enfants qui jouent au foot sur la place de l’église d’un petit village de Toscane.
17 Octobre 2016
Le travail sur l’incipit me fait réaliser l’importance de bien commencer une histoire. Comment attirer l’attention du lecteur? Comment rendre l’histoire attrayante dès les premières lignes?
Je me sens loin de l’écrivain… même pas écrivain amateur. Je me sens aux premiers balbutiements de la création littéraire malgré les cours déjà réussis du programme universitaire. J’ai confiance en mes capacités mais comment pourrais-je réussir à écrire quelque chose de satisfaisant? Les nombreux essais me le diront…
31 Octobre 2016
Je n’ai pu me rendre à l’université… force majeure… je suis sorti de l’hôpital. J’ai fait le plus étrange des voyages. Un voyage court et intensif, un voyage que je n’oublierai jamais.
La préparation du voyage débute dans la nuit de vendredi à samedi. Vers 3 heures du matin, je ne peux plus dormir. Excité par les événements : douleurs musculaires et indigestions. Le voyage se prépare. Deux heures plus tard, je réveille ma femme, c’est le temps de se préparer pour le départ : vers l’hôpital. Le premier contact avec les conseillers en voyage se fait dans la confiance et on vite détecter mes besoins : les ambulanciers diagnostiquent une crise de cœur. Ils font des appels pour réserver au tout inclus : l’urgence de l’hôpital. Le transport se fait en toute sécurité : en ambulance. Arrivé sans encombre, les hôtes nous reçoivent et voient à combler tous mes besoins : salle d’urgence où docteurs et infirmiers s’affairent à me préparer. Une excursion est organisée. Je me lance dans un véhicule tout terrain pour me rendre à un endroit que je découvre et qui me fait vivre une nouvelle expérience : on me transporte en civière vers la salle d’opération où une angioplastie est exécutée pour poser un stent dans une artère coronarienne bloquée et je vois l’opération sur écran. On me retourne à ma chambre, fatigué par cette nouvelle l’expérience. Les préposées offrent un excellent service et s’assurent de mon confort : visites régulières des infirmières et docteurs pour faire un suivi serré de mon état de santé. Après deux jours, le voyage est terminé. Je repars en saluant rapidement les personnes qui m’ont si bien servi. Je constate que mon temps est terminé au tout inclus. Les préposées s’occupent d’autres clients : la sortie de l’hôpital se fait rapidement. De retour à la maison, je garde le souvenir d’un voyage qui m’a changé pour le reste de ma vie. Je raconte avec émotion les expériences vécues et non la description de ce que j’ai vu.
7 Novembre 2016
Le voyage des sens autour de l’UQAM me fait réaliser que toute excursion, tout voyage fait travailler tous les sens. Pour exploiter les sens, il faut d’abord oser s’aventurer, prendre le risque de faire… C’est ce qu’a dû faire Noël Rose en 1642 lorsqu’il a pris la décision de traverser l’Atlantique pour se retrouver en Nouvelle-France, un endroit très peu explorer et exploiter.
14 Novembre 2016
Je prends la décision de partir du quartier de mon enfance. Je ne suis jamais sorti de ce quartier sauf en quelques rares occasions avec mon père. Je n’ai jamais passé les murs de la Cité. Je suis déchiré entre un avenir établi et celui de l’inconnu, entre rester en vivant les déboires qui s’annoncent ou partir et espérer un destin florissant. Partir pour aller où? Comment m’y rendre? Que ferais-je seul? Qu’est-ce qui m’attends? Autant de questions sans réponses. Le risque de s’aventurer dans ce périple inconnu me permettra de répondre à ces questions au fil du temps.
21 Novembre 2016
Je suis parti. Heureusement, je ne suis pas seul, mon copain d’enfance s’est joint à moi. Son enthousiasme aidera à calmer mes craintes. Je ne sais pas où je vais mais je m’y dirige. Au hasard de ma curiosité…
Tout comme la décision prise pour entreprendre la rédaction de mon roman. Sans savoir comment je le ferais, je me suis lancé et j’avance dans mon projet qui se modifie au gré du temps.
Méryon, Charles, Partie de la cité de Paris vers la fin du XVIIe siècle, 1861, The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art, Prints and Photographs: Print Collection, The New York Public Library., http://digitalcollections.nypl.org/items/510d47da-4185-a3d9-e040-e00a180..., consulté le -1-11-2016.