Il faudra le vivre

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Tout ça les sciences ne le disent pas mais nous le savons très bien avec nos mains dans la nuit.
– Valère Novarina
 
Nous choisissons notre monde et le monde nous choisit.
– Maurice Merleau-Ponty
 
Nos terres intimes sont si lointaines.
– Jean-Michel Maulpoix
 
Sept pays. Sept valeurs. Des voyages. Un être, en abritant de multiples en mouvance. Et une mappemonde.
Voici le petit tas que je dépose ici.
Loin de vouloir résumer un peuple ou un territoire à une seule caractéristique, j’ai eu envie de cerner le noyau de mon passage dans différentes parties du monde, ainsi que leur contribution à m’engager dans un mode de vie plus cohérent. En déposant des points ici et là sur la carte, c’est en quelque sorte une refonte des lieux qui s’est opérée. À la lumière de mon expérience sensible, chaque pays est passé de villes à valeurs, d’espace à expérience. Des entrées qui mêlent ma voix à celles d’autres déplient chacune des sept escales. Celles-ci n’ont parfois que très peu à voir avec la réalité objective du pays, ou alors sont parfois complètement traversées par l’essence d’un peuple. L’important, c’est ce mouvement bidirectionnel : du dehors au dedans, du dedans au dehors, si bien que les frontières de peau et de place en perdent bientôt leur clarté
Et on ne sait plus très bien
Qui c’est
I mean I know what is wrong and know what is right
And I’d die for the truth
In my secret life1
Ainsi, c’est l’anatomie de « mon » monde que je donne à voir, et il n’a jamais été moins secret.
 
Au départ, je n’allais que faire très peu de cas de la carte. L’idée était venue et je pensais l’utiliser comme un support, sans plus. Je la voyais comme figée, évocatrice certes, mais pas assez vivante. C’est Antoine qui l’a dépliée, qui m’en a rappelé la richesse. Devant un lunch dans un restaurant qu’il découvrait avec l’enthousiasme du voyageur, il a dit avoir envie de « dépecer la carte ». Il a fait le mouvement avec les mains, les doigts comme des griffes qui ne détruiraient que ce qu’il faut. J’ai compris que mon intuition d’oublier les frontières et de ne conserver que les contours des continents était juste. Il fallait ce dépouillement, mais pas pour le laisser flambant nu (du moins pas dans ma démarche à moi). Il fallait que ce soit l’expérience qui crée le relief, mes mots qui renomment carrément les lieux. Ils m’avaient visitée et je les visitais maintenant en retour, dans un désir de bilan. Je laisserais ainsi toute la place non pas à moi, non plus à eux, mais à notre relation. La carte ferait visuellement état de cette « refonte co-créative ».
 
Ce que je veux dire c'est que je ne dis pas
J'ai un vocabulaire mondial
Je le porte comme un manteau où les mains se pognent dans toutes les poches
On essaie de le mettre mais c'est lui qui
nous porte
- Le pays des personnes, 2016
 
« Une fois qu’on a créé le projet, c’est lui qui nous porte. Il y a inversion du phénomène : ce que vous avez créé vous aide à vous créer vous-même2 ».
 
« La carte est une représentation d'une portion ou de la totalité de l'univers qui donne une image à la fois de rêve et de réalité, de croyance et d'expérience. Elle se veut portrait du visible et de l'invisible, un témoignage de foi […] proche de son modèle mais enrichi de ce qui est souvent dérobé aux simples regards3 ».
 
Si, historiquement, la carte géographique a d’abord servi à connaître et transformer le monde réel4, celle que je propose ici en est aussi le revers : elle est plutôt le témoignage de ma propre transformation par le monde, un acte de « contre-don5 ». C’est une carte qui déborde d’elle-même : en bon outil de géographie humaniste, elle prend en compte objectivité comme subjectivité pour les mettre en collaboration. Elle est davantage relationnelle qu’utilitaire puisqu’elle raconte une expérience singulière plutôt que d’offrir un support strictement standardisé. Ainsi, sa dimension phénoménologique est centrale. Je place, comme Merleau-Ponty, le sensible tout au cœur de ma démarche et y voie un révélateur du réel, « la couche originaire de l'expérience humaine6», « expérience [qui] ne consiste pas seulement à rencontrer successivement des objets différents en restant identique à soi, mais à se transformer7».
 
Au sujet de la réappropriation des lieux, je trouve très intéressante la démarche des situationnistes et des psychogéographes, que le sociologue Pierre Bourdieu qualifiait de révolutionnaires « en matière d’art et d’art de vivre ». Des mots évocateurs dans un contexte où, créatrice, je subvertis aujourd’hui la mappe du monde, et, voyageuse, j’endosse sans cesse de nouveaux modes d’y être, à ce monde. C’est grâce à Philippe que j’ai trébuché chez Guy Debord et ses déambulateurs et traficoteurs de situations poétiques, et j’ai trouvé chez eux des points de ressemblance avec le projet qui germait en moi. Même si je ne m’identifie pas tout à fait au caractère strictement urbain de leur démarche, à la préséance qu’ils donnent aux lieux sur les êtres ni à leur radicalisme (le voyage m’enseigne plutôt l’ouverture et la souplesse), je recense ici l’essentiel de ce que nous partageons :
 
  L’emploi de la vie importe davantage que le niveau ou les conditions de cette vie.
  Il y a rejet de l’académisme et de la standardisation pour valoriser l’innovation et la créativité.
  L’humain et le quotidien sont au cœur de la démarche. On privilégie une réunion entre créateur et récepteur et entre art et vie : « la poésie ne signifie rien d’autre que l’élaboration de conduites absolument neuves, et les moyens de s’y passionner », écrit Debord.
•   Une importance est accordée au jeu, à l’expérience, à la découverte et à la mise en danger : ainsi, « l’aventure situationniste doit déboucher vers le bouleversement des conditions d’existence ».
  La dérive est utilisée comme outil principal, « indissolublement lié à la reconnaissance d’effets de nature psychogéographique, et à l’affirmation d’un comportement ludique-constructif, ce qui l’oppose en tous points aux notions classiques de voyage et de promenade. Une personne se livrant à la dérive renonce […] aux raisons de se déplacer et d’agir qu’elle se connai[t] généralement […] pour se laisser aller aux sollicitations du terrain et des rencontres qui y correspondent8». « Quand on a un but, on a des œillères », écrira en ce sens le narrateur d’Ébènes : aventures africaines9.
•   Il y a intention de partage, de récupération et de non-propriété10.
  On protège la multiplicité des points de vue et favorise une remise en question continuelle (« investiguer le doute et encourager celui qui rend curieux », pour le dire avec l'artiste Sylvie Cotton).
  La démarche cherche à répondre à la « volonté irréductible d’émancipation » que porte chaque être humain, qu’on pourrait rapprocher du désir d’actualiser son potentiel dont parlent de nombreux chercheurs en sciences cognitives, dont Ken Robinson.
 
En réinvestissant les cartes géographiques, les situationnistes introduisent une subjectivité artistique là où on n’en voulait et n’en voyait à priori pas :
 
« Dérive et psychogéographie sont donc affaire d'insoumission. Les plans réalisés par Guy Debord exhibent cette tension entre objectivité apparente du plan et expérience subjective [du territoire par le sujet]. […] Le psychogéographe détourne la carte officielle pour lui faire dire ce qu'elle cache11. »
 
Comme les leurs, la mappemonde que je propose témoigne d’une constante recherche de « rendez-vous possibles ». Elle s’attache particulièrement aux rencontres, aux atmosphères et travaille à une diminution graduelle des frontières, peut-être dans l’espoir de rejoindre une sorte d’accord entre la géographie et l’intimité, entre le monde que j’habite et le monde qui m’habite, rendus particulièrement palpables via le voyage. En ce sens, je suis d’avis, comme Olivier Bleys, qu’on ne fait jamais que « le tour de soi ». M’importe donc davantage le comment que le quoi : l’état du voyageur est ce qui fonde la texture, la profondeur et l’intensité du voyage. Mais, comme mon parcours du sensible sur la carte en témoigne, ce que je permets me permet en retour. « Le voyageur ne voit que ce qui était déjà en lui, mais il lui fallait ces conditions de disponibilité pour accéder à d’autres couches du réel12», le dit bien David Le Breton. Le voyage comme clé de voûte, donc, pour déverrouiller chez qui le veut bien ses « patries intimes si lointaines », puis les mots pour en tracer les contours (la transcendance, ou l’élargissement des limites de perception, puis l’intégration dans le quotidien ou l’œuvre d’art qu’a identifiées Roy Horan comme attitudes créatives chez qui cultive une présence attentive).
 
 
La saudade portugaise
 
It is necessary to reteach a thing its loveliness.
– Galway Kinnell
 
Comme il existe au Brésil une lutte qui n’en est pas une13, il existe au Portugal une mélancolie qui n’est pas triste. Une tristesse à laquelle on peut enfin arrêter de se refuser, parce qu’elle n’est pas que douleur. C’est un état qui lie un peuple, qu’on chante14, c’est un emblème national. La saudade portugaise, c’est une nostalgie qu’on aime comme une amie. C’est le manque qu’on apprend à trouver beau, un « venin délicieux à l’intérieur de [nos] cœurs15». Quelque chose s’est produit quand j’ai enfin compris toute la puissance de ce sentiment (je dirais peut-être même cette manière d’être au monde), dont mon père et mes tantes me parlaient avec le tremblement dans la gorge mais les yeux amoureux. Quand je suis retournée au Portugal de mes racines pour la première fois en tant que femme, sans marcher dans l’ombre de mon père, je pense que c’est ça que je venais inconsciemment chercher. La profonde permission d’être triste. D’exister en tant qu’être qui porte la tristesse avec grâce. Un extrait de mon carnet de voyage d’alors :
 
Pleurer sur un quai
Attendre un train manqué d'avance
Entre deux villes charnières
Sous la première pluie portugaise
Dans tes bras
Aux contours de plus en plus flous
Mes larmes se mêlent au jour
Aux yeux des voyageurs
À l'espace dans l'anse de leurs valises
Il fait vendredi treize partout sur ma peau
Et si le Portugal était une femme
On serait pareilles
Mouillées au soleille
- les carnets portugais, 2012
 
Cet été-là, ma relation amoureuse s’étiolait. Une alliance thérapeutique se brisait. Je venais de déménager que je m’étais déjà envolée. Au Portugal, j’ai été obsédée par les portes pendant un mois. Je les traquais, les photographiais, j’en inventais. J’en cherchais toutes les traductions possibles, en rêvais, j’ai même choisi une chambre à cause du bleu de sa porte. Je pense que je cherchais un passage à travers cette tristesse que je portais, cette nostalgie de fond que je connaissais depuis si longtemps. Comme le souligne Catherine Dumas, « la mélancolie de la saudade ne peut être comprise qu’avec son contrepoint, l’espoir16». C’est en habitant ce vide, en laissant le Portugal m’en donner la permission radicale, que j’ai testé la force tranquille de la saudade. Anne Dufourmantelle, peut-être Portugaise s’ignorant :
 
« Prendre le risque de la tristesse, ce serait le contraire de l'entrée en mélancolie ; comprendre qu'elle est la doublure secrète de la béatitude, et que cet élargissement de l'être vers laquelle elle nous fait signe, nous fait nous souvenir d'une autre possibilité d'être à nous-mêmes et au monde, dans l'hospitalité à ce qui vient17. »
 
Je pataugeais dans des bleus indicibles, des bleus de ciel et d’océan si intenses, et pourtant quelque chose de tendre commençait à me tapisser : on pouvait pleurer la peine de joie, être libre d’aimer la perte et, ce faisant, la rendre habitable. Je suis rentrée avec des choix à faire et des choses à dire, mais surtout marquée de cette connaissance intime que seule l’expérience pouvait me léguer.
 
 
La nudité costaricaine
 
When everything you cherish is as breakable as an egg,
listen to the wind.
– Greg Mortenson, Three Cups of Tea
 
No lonely hands grap my suitcase full of nothing
I don’t know why, I don’t know why
– Angus and Julia Stone
 
Au cœur de l’hiver, je vais souvent trouver l’été. Cette année-là, j’avais rejoint une petite communauté indépendante du Costa Rica : un paradis hippie où ça parlait hébreu, allemand, espagnol, anglais, mais surtout le langage du cœur. J’y ai dormi dans une cabane ouverte sur la jungle, me suis endormie bordée par les singes, ai pris mes douches froides à ciel ouvert. Pendant deux semaines, j’ai médité chaque matin chaque soir, laissé le yoga me faire quatre heures par jour, enlacé tout ce qui vivait par là. Je me suis baignée nue, me suis perdue et retrouvée dans la plus noire des nuits noires, j’ai passé plusieurs journées à ne pas du tout parler. Puisque je voyageais seule, j’avais le loisir d’adopter une posture de contemplation plus souvent qu’autrement18. Des merveilleux lieux, bien sûr, mais aussi des humains et de leurs interactions. J’ai réalisé que malgré les conditions les plus favorables, les communautés les plus orientées vers la recherche d’une réelle libération intérieure, l’ego pouvait s’emparer de la quête. La couche de personnalité dont on cherche à se laver en voyageant se rapièce peut-être seulement différemment. Là-bas, j’ai rencontré des êtres aussi attachés à leur identité de « spiritual seeker » que d’autres sont ici engoncés dans leur rôle de parent, de patron, de femme, d’artiste, de bouffon. En parallèle à de lumineuses rencontres, j’ai assisté à du sarcasme spirituel, de la séduction sous le couvert de l’unité de tous les êtres, un attachement au style vestimentaire. J’y ai senti un accueil inconditionnel de la part d’uns mais du rejet, une posture hiérarchique, un souci de performance chez d’autres. Si j’ai reconnu ce jeu, c’est que j’en portais aussi la trace en moi : « I am human, and therefore nothing human is alien to me19». Mais j’étais en voyage, j’avais l’avantage de cet outil que le déracinement offre :
 
« Le voyage libère des contraintes d’identités. Il allège le fardeau parfois d’être soi. […] Hors de la trame familière du social, il n’est plus nécessaire de soutenir le poids de son visage, de son nom, de sa personne, de son statut20. »
 
« Et je comprends soudain que perdre son nom équivaut à perdre son ombre ; se réduire à son nom c’est se réduire à son ombre21. »
 
Sur le vol du retour, j’ai fait mon bilan habituel. En le relisant aujourd’hui, j’y trouve tout l’engagement et la détermination à « undress my Self of myself, of my many selves ». Le projet plus vaste que n’importe lequel de me « défaire de moi », me délester de mes identités, me dévêtir des manteaux en forme de « je suis ». Sous forme de liste, j’y posais une identité (pure, malade, créatrice, minimaliste, petite, sélective, seule, repousseuse d’hommes, etc.), revenait à la ligne, offrait un blanc, et m’intimais moi-même : let go. En relisant ce passage aujourd’hui, plus de cinq ans plus tard, j’y entends toujours quelque chose de l’ordre de l’incantation. Une invitation à apparaître en disparaissant. Comme ma presque-homonyme de prénom le souligne, « le chamboulement des identités peut être synonyme d’un agrandissement du soi, notamment par l'agrandissement des limites qui le définissent22 ».
 
Je reste forever braless
Je pense que mon contenant s’étoffe que mon contenu en perd des bouts
à mesure que mon cœur fond comme une grosse guimauve enflammée
qui le temps d’une semaine aurait retrouvé son âtre.
- les carnets costaricains, 2010
 
Je suis revenue à Montréal, ai commencé à écrire tous les noms de mes clients en minuscules, à signer chaque courriel d’un simple « c. », à mieux accueillir le regard des hommes sur moi, sans m’approprier cette beauté. Je l’avais entendu et lu mille fois, mais le Costa Rica a été le premier à m’enseigner si puissamment à « hang loose23 » dans l’essence.
 
 
La célébration louisianaise
 
Oh New Orleans
I feel so free just standing here.
- Susan Collins
 
Un Italien aux yeux pleins de lumière, me rejoignant alors que je m’étais isolée sur une petite plage costaricaine, m’avait un jour cité Osho : « celebrate the life », m’avait-il dit. Dans toutes ses formes, de toutes les manières possibles. Pas seulement celles que je considérais nobles (bliss out on your mat, s’émerveiller automatiquement, danser seule au centre du salon, chanter fort dans le char), mais aussi de celles dont je m’éloignais : moi qui ne fréquentais plus les bars, fuyais les fêtes trop peuplées, les rassemblements populaires, je savais qu’il y avait dans les mots de cet homme un enseignement complètement pertinent. 
 
Près de six ans plus tard, je suis enfin allée vivre la Nouvelle-Orléans. Avec ma belle amie, on avait choisi d’élargir notre célébration de la vie dans le plus propice des lieux : avec au moins deux fêtes, festivals ou rassemblements par semaine, Nola est faite pour fêter. Un collaborateur du Lonely Planet expliquait :
 
« New Orleans is all about beauty and experiencing the divine through mortal senses. There's joy here, from great food to the best concert of your life, and serenity, found in the shade between live oaks or while watching fireflies on Bayou St John. Whichever way of being I choose for the day, New Orleans indulges me. »
 
Et il n’avait pas menti : la Nouvelle-Orléans m’a remplie de sa folle joie et sa joyeuse folie. Moi la casanière, moi jamais à l’aise dans le travestissement, moi qui ne bois pas une goutte, je suis sortie dans les bars à chaque soir, me suis déguisée en Red Dress runner, j’ai dansé le charleston en plein milieu de la rue avec un semi-éclopé complètement paqueté. Dans un témoignage, une Nawliner avouait : « This place allows people to be in touch with their insanity. And get away with it. » Well we did, and when I go crazy I still remember how no one’s healed.
 
 
La mess brésilienne
 
Do I contradict myself ? Very well, then, I contradict myself : I am large, I contain multitudes.
– Walt Whitman
 
C’est le mélangé qui va nous sauver.
– Jamel Debbouze, La Marche
 
C’est d’abord grâce à l’écriture que j’ai commencé à intégrer toute la pertinence et la richesse du mélangé24. Les fins en forme de début, les chutes devenues sursauts, le tressage des langues, la poésie mais prose mais poésie, les voix riches de leurs doublures et contradictions, la possibilité d’inviter dans les mots d’autres médiums, tout ça m’enchantait, me fascinait, me propulsait. Cet amour de l’indéfini, de l’infini, s’est renforcé au contact du yoga et de la méditation, et enfin du voyage. Il existait donc des espaces où la catégorisation n’avait pas sa place. Où une chose pouvait aussi en être une autre, parfois même son contraire. Des espaces où identifier était moins utile que sentir, où les ressemblances intéressaient davantage que les différences, où les détours étaient non seulement permis mais encouragés, voire essentiels. Je pouvais aimer la nuance en paix.
 
C’est beaucoup dans cet attrait du beau bordel que j’ai eu envie de vivre le Brésil. J’y ai rencontré la plus large palette de couleurs de peaux imaginable, toutes les sortes de cheveux, traits faciaux et formes de corps possibles, tous sous le grand couvert brésilien. J’y ai rencontré des écarts extrêmes au cœur d’un même territoire, ai touché à un tissu social plein de trous, de taches, de plis et de rentrayages25. Me suis baignée dans un portugais traversé de mille accents, se métamorphosant sans cesse. Pulsaient là-bas l’Afrique, l’Europe, les Caraïbes, les Premières Nations. Le désert, la jungle, la montagne, toutes sortes de forêts et même une île où le passage des Néerlandais avait engendré une mixité étonnante : des cheveux si blonds et des yeux si bleus sur une peau si noire. Au Brésil, le natif pouvait passait pour un étranger et l’étranger devenir Brésilien. Sans aucune modulation, on était tous familièrement étrangers, étrangement familiers.
 
Je parle à un homme
d’une langue qui n’est ni la sienne ni la mienne
debouts au centre nous comprenons tout ce qui
passe
Nous sommes l’espace d’un dictionnaire
agenouillés au-dessus de la reliure
nous le couvons
 
holding space they say
- les carnets brésiliens, 2016
 
« L’être humain est depuis toujours un métis ambulant et a avantage à se métisser toujours davantage », conseillait l’autre soir l’anthropologue Serge Bouchard à la radio. Même si tous deux ne s’entendent pas sur les termes26, c’est ce que Pierre Ouellet, je crois, veut dire par « identité migrante », en mettant tout de même l’emphase sur le maintien d’une mixité :
 
« La sensibilité migratoire, soit les subjectivités construites sur la base de l’altéroception et de l’hétéroception […], n’efface pas et n’homogénéise jamais les différences internes qui [la] constitue : [elle] les maintient, plutôt, les entretient, même, comme le lieu tensif d’une intersubjectivité intériorisée par le sujet27. »
 
Le Brésil m’a légué son merveilleux problème de frontières qui, malgré ses racismes et ses ratées, se tient. Ses lèvres brunes sur ses bouches-cannelle, ses bébés blancs pendus aux seins noirs, et inversement, ne me quittent pas. J’en demeure mélangée, métissée, colorée. Six mois après être rentrée, j’entendais à la radio l’auteur québécois Alain Farah : « On me dit que c'est le bordel dans ma tête. Il n'y a pas de ménage. À faire. Dans ma tête28». En écho, l’authentique multiple Safia Nolin lui répondait : On me dit que c'est le bordel dans mon corps. Il n'y pas. De ménage. À faire dans mon corps. Et moi qui vis ici tachée, « sans présence véritable que profondément trouée par les lieux abandonnés et par ceux qui ne [me] sont pas encore donnés », j’ouvrais encore : On me dit que c'est le bordel dans mon cœur. Ben c'est ça bless this mess bless it 'til it's blessed.
 
 
La maison guatémaltèque
 
Vis-moi.
– ma vie
 
J’ai décidé d’aller rencontrer la Guatemala (en espagnol, c’est une femme) à cause de la musicalité de son nom. Elle m’appelait. Depuis ma petite chambre au deuxième étage d’une petite maison au bout d’un long chemin, j’avais envie de rentrer à la maison. Rentrer à la maison de ma vie. Je venais de passer cinq mois à l’hôpital à dire au revoir à une maladie que j’hébergeais depuis huit ans. Cinq mois de semaines accumulées, de routine taillée au couteau, des mêmes cycles de repas en boucle dans les mêmes plateaux d’aluminium dans les mêmes assiettes servies par les mêmes mains assise à la même table, j’avais besoin de rentrer à la maison de la découverte. J’avais eu beau poser mon habituel regard neuf sur chaque chose, traquer l’éclat au détour, être attentive à toutes les variations qui se cachent sous le même, avoir pris cette hospitalisation comme une autre sorte de voyage, il y avait le réel appel du mouvement. De la grande stimulation, de la rencontre, des étincelles. Je venais de passer cinq mois à me remuer les intérieurs, à en explorer tous les racoins, j’avais envie de me « mettre en congé de mon histoire29 », j’avais envie du dehors, de la maison du monde. Je crois que cet équilibre entre rester et aller est sain, surtout quand il y a de l’aller dans le rester (redécouverte du quotidien) et du rester dans l’aller (ancrage en soi et favorisation de la lenteur). Anne Bécel explore d’ailleurs cette relation entre mouvement et stabilité, ailleurs et ici, dans L’invention du voyage. Elle cherche tout particulièrement à cerner l’état du voyage et invite plusieurs bourlingueurs à répondre à la question : est-il possible de voyager même hors du voyage ? Je crois fondamentalement que oui. Mais à ce moment-là, j’avais besoin de la switch à high, de sentir la vie me traverser de toutes parts, me surprendre, me perforer. J’avais besoin de cet état d’ouverture extrême, de spontanéité, de liberté. Et quand j’ai quitté l’hôpital, que j’ai fourré les derniers sous-vêtements dans le sac à dos que mon copain nous avait préparé, qu’on nous a directement conduits à l’aéroport, dès que j’ai senti l’avion s’élever, j’ai compris que j’étais rentrée à la maison. 
 
Les jours qui ont suivi ont encore et encore renforcé ce sentiment d’être revenue à moi. La musique qui s’échappait des fenêtres, les nœuds de tissus dans les cheveux des femmes, le bruit des tortillas en cours d’être, les courses sous la pluie chaude, chaque nouvelle saveur, même les longs trajets cahoteux en mini-bus, tout contribuait à mon sense of belonging. J’avais l’impression d’avoir réintégré mes pieds et que, malgré la désapprobation et l’incompréhension à laquelle j’avais fait face à Montréal, j’avais fait le bon choix en écoutant mon cœur me demander : mets-moi un peu en danger. Je sortais d’une bulle standardisée, je réintégrais le merveilleux fouillis de la vraie vie, je revenais dans un monde qui me brassait mais me connaissait. 
 
Je me souviens d’être rentrée profondément ressourcée. Remise, remisée. J’avais fait du yoga tous les jours sur un lac magique, avalé du chocolat ouvreur de cœur, trouvé les bons livres, rencontré une femme-messie, joué au tam-tam de tout mon corps, j’avais monté et descendu la montagne, dormi avec des vers, trouvé un ange dans une zona roja, j’avais bu un condensé de vie en deux semaines et demi, j’étais prête à continuer de créer le chemin de ma guérison.
 
 
La confiance indienne
 
Comme si ce pays où elle allait n’était pas sur une carte
mais seulement au bout de la confiance.
– Gabrielle Roy
 
D'avance, je suis un être humain prompt à croire. J'ai une disposition naturelle à faire confiance aux gens, aux situations (« ça ira »), même aux objets (quand la bouilloire électrique brise, faut lui donner un peu de temps, elle est peut-être juste fatiguée). Au-delà des clichés que certains peuvent voir dans un tel propos, j’ai une profonde confiance en la vie. Elle me lègue en retour un état de disponibilité naturel et une facilité à « y aller » ou à laisser venir. Cette confiance, donc, qui a souvent été perçue comme une naïveté ou un manque de prudence chez moi, l'Inde l'a reçue comme une mère son enfant égaré.
 
Là-bas, ma confiance était normale. Naturelle. Partagée. Pendant plusieurs semaines, en parallèle à tous les bouleversements que la rencontre de l’Inde génère30, j'ai vécu une sorte de lune de miel. Une euphorie de pouvoir enfin faire confiance sans retenue, sans nager à contre-courant, sans devoir m'expliquer tout le temps. Je pouvais comme tout le monde faire confiance qu'avec le chasse-moustiques il n’y aurait pas de malaria. Faire confiance au Gange des montagnes de ne pas m'empoisonner, peut-être même me bénir. Faire confiance aux souliers de tenir au sac, à mes amis-amours de me trouver dans le noir d’Hampi ou sous un escalier d’aéroport. Faire confiance aux produits laitiers quand mon nez disait oui, quand le bout de ma langue approuvait. Même faire confiance aux goûts étranges, faire confiance que ça pouvait être étrange et correct en même temps. Je pouvais me laisser aller à faire confiance aux corps pas habitués dans des cours de yoga dangereusement avancés. « Body knows », Swami disait, Catherine se laissait – croire. Je pouvais faire confiance à mes pieds de se corner assez pour me protéger, au chemin de dresser des messages clairs quant aux petits dangers. Je pouvais faire confiance que le train arriverait un jour, qu'on pourrait dormir entre-temps, que quelqu'un nous offrirait refuge éventuellement. Et que sinon, ça irait quand même. Je pouvais enfin croire librement qu'on ne me voulait pas de mal, et sinon du bien, au moins rien en particulier.
 
On est avec le couple d'Allemands. L'homme est doux comme le ghee. La femme est un thé noir ou un chai bouillant sans rien rien de sucré dedans.
 
 – You have to work your way through.
 
On pousse et on flatte l'air et les peaux, nous on la fabrique en la caressant notre way through. Difficile d'entendre l'Allemande être raide de même avec le chauffeur de tuk-tuk. Elle le crache avec ses mots. Dans l'instant je me dis que ce qui fait peur c'est mon appréhension de bientôt lui ressembler. Partager son écœurantite et son autorité. La vomissure de ses regards ardents, ses mains-pincements. Mais là on est là, on est arrivés et on est là. Alors on décide de marcher vers la station de bus, ça dit un kilomètre pas plus. Panaji est tellement chaude. Elle me prend plein de fois dans tous les endroits de mon corps, elle m’intruse m’abuse. On marche sur la rue brûlante avec nos back-pack pesants et nos sacs de jour dérangeants et nos corps fatigués et dénutris et on a chaud et dans le tumulte
I think of surrenderness.
 
Dans l’overflow
letting go
is the best of indian ways
- Le vent indien, 2011
 
L’Inde abrite une culture du cœur. Si on s’y abandonne, une sorte de magie organique opère. Les choses se passent, les choses se placent. Dans cet état de confiance aux êtres, à une dynamique invisible, en nous et à l’extérieur de nous, la peur en prend pour son rhume. Je veux dire : j’ai eu peur dans mes tripes, une vraie peur, animale, mais pas une anxiété mentale. J’ai eu mal des chiens en décomposition vivante dans les gares. Mal de la petite mendiante de Goa qui portait à la bouche sa main pleine de rien. Mal de tout à la prison des fous. Tous les trois, A., V., et moi, on a vécu la maladie. Profond dans nos corps. Loin de la sécurité du système de santé occidental, on a continué à avancer dans une sorte de foi. On rencontrerait les bonnes personnes, on tomberait sur les bons médicaments, nos corps finiraient par démêler l’Inde en eux. Je voyais très clairement la souffrance, la détresse, la gravité en moi et autour de moi, mais elles ne me tuaient pas. J’entendais, comme Simone Weil, très clairement « à la fois le cri merveilleux des oies et celui des enfants qu’on tue31». Je me rappelle avoir pleuré très fort sur un bol de toilette trop haut pour moi, les fesses nues, les pieds dans le vide, avoir pleuré si fort tout en disant à mon copain « c’est correct », et le penser réellement32. Je ne sais toujours pas comment expliquer la puissance de cette confiance aujourd’hui, sauf peut-être quand je lis Bernard Émond discourir sur l’espérance :
 
« J’avais relu Péguy, un des poètes qui avaient marqué mon adolescence. […] Dans [son] extraordinaire poème-fleuve, c’est Dieu qui parle :
 
La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance.
La foi ça ne m’étonne pas. […]
La charité ça ne m’étonne pas. […]
Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne.
Moi-même.
Ça c’est étonnant.
Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que demain ça ira mieux.
Qu’ils voient comme ça se passe aujourd’hui et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin.
Ça c’est étonnant et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce33. »
 
 
La mutualité burkinabé
 
La réalité ne correspond jamais aux attentes, il y a du vol et des arnaques,
mais je rentre toujours plus vivant, endetté de la générosité des autres.
– Blaise Hofmann
 
Pour un rien on se donne tout.
– Alex Nevsky
 
De l’Afrique m’appelait le cru, la rudesse, le retour à la source. J’avais envie de vivre le nœud, le no fuss, the core of it. Je pensais y rencontrer le dépouillement et la difficulté, mais j’y ai surtout vécu toute la puissance de la communauté. Avant de partir, j’avais lu une histoire où une femme possédait le seul chaudron de tout le village, et le prêtait selon les besoins de chacun. Il n’appartenait finalement pas qu’à elle, mais bien à tous ceux qui cuisinaient, mangeaient et nettoyaient. Au Burkina Faso, le langage lui-même est profondément traversé par l’importance du partage : lorsqu’on s’attable, on ne dit pas « bon appétit » mais « vous êtes invités ». De même, les articles sont utilisés différemment : il fallait dire « je vais acheter le pain », « il faut démarrer la moto », « veux-tu l’eau ? » plutôt que nos automatiques « un », « ma » ou « cette » occidentaux. Il y a cette chose, et elle n’est à personne puisqu’elle est à tout le monde.
 
Je n’ai plus de bras j’ai des passerelles
Je n’ai plus de yeux ce sont des trous
Deux trous jusqu’au fond avec vous au bout
Ubuntu
[…]
Mes sourcils sont rendus qu’ils s’attachent ensemble au niveau de mes hanches
qui ne sont plus des hanches c’est une pirogue sur les lacs
Où mes pieds sont devenus des femmes nues
Leurs orteils se sont doucement décollés
ils forment maintenant un éventail que je peux porter sous le bras
en chantant le moré quand vous m’aidez
- les carnets africains, 2014
 
Les manguiers donnaient constamment, les femmes au marché « faisaient cadeau » systématiquement, les femmes que tous appelaient d’ailleurs « mamans ». Dans les Afriques, cette mise en commun des ressources fait écho à celle des existences. Chaque espace de la vie se partage. Chacun est le cousin, le frère ou la sœur de l’autre, si bien qu’on doit spécifier quand on veut parler des « vrais frères de sang, hain ». Comme marque de politesse, on appelle d’ailleurs ses aîné-es « tonton » ou « tatie ». La famille entendue dans son sens large est tout, elle permet non seulement de survivre mais de mener une vie pleine.
 
« Dans ce noir profond, les gens discutent entre eux, sans se voir. Ils s’interpellent sans savoir qu’ils se trouvent les uns à côtés des autres, [parce qu’ils le savent d’emblée]. L’obscurité isole et de ce fait renforce le besoin d’être ensemble34. »
 
Ces mots de Ryszard Kapuscinski disent une situation qu’on a si souvent vécue : une nuit dans laquelle les voix se répondent tout naturellement, comme si elles savaient instinctivement comment se retrouver entre elles. En trois mois, on m’est venu en aide plus souvent qu’en je ne sais combien d’années au Canada. De l’aide grandiose, qui se refusait aux remerciements. Elle venait à son rythme, avec ses complications et ses malentendus, mais ce fut une constante main tendue comme je n’en ai plus jamais reçue. Il y a bien sûr le facteur de l’attrait du Blanc et la maladive valorisation des Occidentaux, mais j’ai la certitude que cette mutualité est bien plus grande que ces soucis d’hiérarchie, puisque j’ai aussi observé ce reliant social sans y être impliquée directement. Ce lien qui fait de l’entraide et de la solidarité humaines un devoir m’a profondément touchée, et a mis en lumière mes propres petits égoïsmes. J’ai réalisé comme j’étais attachée aux mangues du jardin, qui tombaient pourtant généreusement. Comme j’étais avare de notre espace de vie à l’appartement, à quel point je tenais à notre tranquillité. Les mots d’une professeure qui me touche beaucoup :
 
« In the practice of generosity, we learn to see through our attachments. We see they are transparent, that they have no solidity. They don’t need to hold us back, so we can go beyond them. […] Therefore, the practice of generosity is about creating space. We see our limits and we extend them continuously35».
 
C’est peut-être là une de plus belles richesses du voyage : il zoome sur nos patterns et nos mécanismes de défense, enseigne à se voir dans une clarté parfois douloureuse. Je ne le voudrais pas autrement : il me permet de ressentir pour éventuellement relâcher, de prendre conscience pour tranquillement, avec compassion, transformer le seul espace sur lequel j’exerce une influence durable et véritable, c’est-à-dire moi. Cette « meilleure connaissance de soi doublée du geste d’humilité [que je pose aujourd’hui en éclairant mes failles à travers les mots], revient à dire qu’il faut abandonner ce qui nous donne de l’autorité et nous éloigne de la rencontre désarmante avec l’autre36», le pose bien Annab Aubin-Thuot dans un texte qui m’a désarmée de reconnaissance dès le début du groupe-recherche qui nous unit. Elle était allée là-bas sans le savoir.
 
 
Le Nord
 
Mon thérapeute m’avait un jour demandé : « do you have to save the world or something ? ». Sept ans plus tard, je lui réponds en souriant par cette mappemonde du sensible et les mots toujours si justes d’Yvon Rivard : « Être écrivain et être [humain] seraient une seule et même chose, un même métier qui consiste, sinon à sauver le monde, du moins à maintenir vivantes les valeurs qui en retardent l’avilissement ou la destruction37».
 
 
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Médiagraphie
 
« Les situationnistes : artistes révolutionnaires », récupéré le 16 novembre 2016 de http://www.zones-subversives.com/2015/01/les-situationnistes-artistes-et...
 
Aubin-Thot, Annab. Gestes d’horizontalité et a/r/tographie, Récit nomade, hiver 2016.
 
Bécel, Anne. L’invention du voyage, Paris, Le Passeur éditeur, coll. « Chemins d’étoiles », 2016, 222 p.
 
Brault, Jacques. Poèmes de quatre côtés, Saint-Lambert, Éditions Du Noroît, 1975, 95 p.
 
Briand, Catherine-Alexandre. Voyage au-delà des identités : réflexions sur l'anonymat du voyageur, Récit nomade, 20 novembre 2015.
 
Chollet, Laurent. Les situationnistes : l’utopie incarnée, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes : culture et société », 127 p.
 
Dalaï-Lama. (29 septembre 2009). Educating the heart : creativity and well-being. Communication présentée dans le cadre du Vancouver Peace Summit 2009, Vancouver.
 
Dufourmantelle, Anne. Éloge du risque, Paris, Rivages poche, coll. « Petite Bibliothèque », 425 p.
 
Dumas, Catherine. « La poésie du Cap-Vert : sons et thèmes », Études littéraires africaines, n° 37, 2014, p. 101-112.
 
Emmanuel, Guy. « Ludimus effigiem belli : Guy Debord stratège et cartographe », ARTL@S, vol. 1, numéro 1, automne 2012.
 
Émond, Bernard. Il y a trop d’images : textes épars 1993-2010, Montréal, Lux éditeur, coll. « Lettres libres », 2011, 121 p.
 
Homet, Jean-Marie. « De la carte-image à la carte-instrument », Études françaises, vol. 21, n° 2, 1985, p. 9-19
 
Kapuscinski, Ryszard. Ébènes : aventures africaines, Paris, Pocket (Plon), 2002 (2000), 372 p.
 
Le Breton, David. Éloge de la marche : essais. Paris, Métailié, 2000, 176 p.
 
Ouellet, Pierre. L’esprit migrateur : essai sur le non-sens commun, Montréal, Trait d’union, coll. « Le soi et l’autre », 2003, 201 p.
 
Pinto de Andrade, Mário. Literatura Africana de Expressão Portuguesa, Poesia. Antologia temática, 2e éd., Argel, 1967, 326 p.
 
Rivard, Yvon. Une idée simple, Montréal, Boréal, coll. « Papiers collés », 2010, 240 p.
 
Robinson, Ken. Out of our minds : learning to be creative, Oxford, Capstone, 2011, 326 p.
 
Salzberg, Sharon. « Generosity’s perfection », Lion’s Roar : Buddhist wisdom for our time, récupéré le 27 novembre 2016 de www.lionsroar.com/generositys-perfection
 
Simay, Philippe. « Une autre ville pour une autre vie. Henri Lefebvre et les situationnistes », Métropoles, 18 décembre 2008, récupéré le 19 novembre 2016 de http://metropoles.revues.org/2902
 

 

  • 1. Cohen, Leonard. « In my secret life », Ten New Songs, Columbia, 2001.
  • 2. Ollivier, Bernard. « L’alchimie du voyageur » dans Anne Bécel. L’invention du voyage. Paris, Le Passeur éditeur, coll. « Chemins d’étoiles », 2016, p. 88
  • 3. Homet, Jean-Marie. « De la carte-image à la carte-instrument », Études françaises, vol. 21, n° 2, 1985, p. 9.
  • 4. Sauf pour des projets tels que ceux de Daniel Canty, ou la Carte du Tendre de Madeleine de Scudéry ou, dans un autre registre, le collectif Dorothy qui a imaginé une mappemonde où figurent des noms de pays, continents, villes et points d’eaux qui sont dérivés de plus de mille titres de chansons.
  • 5. Le Breton, David. Éloge de la marche. 
  • 6. Larousse. « Maurice Merleau-Ponty ». Récupéré le 19 novembre 2016 de http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Maurice_Merleau-Ponty/132839
  • 7. Larousse. « Phénoménologie ». Récupéré le 19 novembre 2016 de http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/phénoménologie/79096
  • 8. Simay, Philippe. « Une autre ville pour une autre vie. Henri Lefebvre et les situationnistes », Métropoles, 18 décembre 2008, récupéré le 19 novembre 2016 de http://metropoles.revues.org/2902
  • 9. Kapuscinski, Ryszard. Ébènes : aventures africaines, Paris, Pocket (Plon), 2002 (2000), 372 p.
  • 10. Note dans l’Internationale Situationniste, revue du groupe : « Tous les textes publiés dans l’IS peuvent être librement reproduits, traduits ou adaptés, même sans indication d’origine ».
  • 11. Guy, Emmanuel. « Ludimus effigiem belli : Guy Debord stratège et cartographe », ARTL@S, vol. 1, no. 1, automne 2012.
  • 12. Le Breton, David dans Anne Bécel, op. cit., p. 109.
  • 13. Le capoeira.
  • 14. Le fado.
  • 15. Pinto de Andrade, Mário. Literatura Africana de Expressão Portuguesa. Poesia. Antologia temática. Argel, 1967, p. 19.
  • 16. Dumas, Catherine. « La poésie du Cap-Vert : sons et thèmes », Études littéraires africaines, n° 37, 2014, p. 108.
  • 17. Dufourmantelle, Anne. Éloge du risque, Rivages poche, Petite Bibliothèque, p. 81.
  • 18. C’est d’autant plus vrai que j’étais toute dévouée à affuter ma qualité d’attention via les pratiques du yoga et de la méditation de la pleine conscience.
  • 19. Terence, dramaturge antique.
  • 20. Le Breton, David dans Bécel, Anne, L’invention du voyage, p. 103.
  • 21. Brault, Jacques. Poèmes des quatre côtés. Saint-Lambert, Éditions Du Noroît, 1975, 95 p.
  • 22. Briand, Catherine-Alexandre. « Voyage au-delà des identités : réflexions sur l'anonymat du voyageur », repéré sur Récit Nomade (19 nov. 2016).
  • 23. Expression empruntée à Tyohar, fondateur de l’éco-village Pachamama, et partagée lors d’un satsang en janvier 2011.
  • 24. Dans son essai L’esprit migrateur, Pierre Ouellet écrit d’ailleurs que « la littérature contemporaine est le lieu d’une telle métamorphose. [Elle décrit] une expérience de l’exil qui se vit au cœur de la langue et dans les profondeurs de la sensibilité, là où s’éprouvent les véritables passages de frontières, bien plus que sur la carte géopolitique de notre monde désormais globalisé » (p. 13), en écho parfait à mon projet.
  • 25. « Réparer une déchirure en retissant l’étoffe – créer un tout » (Novesky, Amy. Une berceuse en chiffon : la vie tissée de Louise Bourgeois, Montréal, La Pastèque, 2016, p. 21).
  • 26. Ouellet déplore l’usage des termes métissage ou hybridation « dans la mesure où ils désignent au sens propre le passage d’une double origine à une seule et même identité où la différence originaire s’homogénéise » (L’esprit migrateur, p. 16).
  • 27. Ouellet, Pierre. op. cit., p. 16.
  • 28. Farah, Alain. « Dans la tête d’Alain Farah : l’interprétation des rêves » [chronique] dans M.-F. Lemaine et J. Bertrand (réalisatrices), Plus on est de fous, plus on lit !, 1er novembre 2016, Montréal, Québec : Société Radio-Canada.
  • 29. Le Breton, David dans Anne Bécel, op, cit., p. 103.
  • 30. À ce sujet, la fascinante étude Les fous de l’Inde : délires d’Occidentaux et sentiment océanique de Régis Airault (Payot, 2002) m’avait bien et beaucoup accompagnée dans l’épreuve du retour.
  • 31. Weil, Simon citée dans Émond, Bernard. Il y a trop d’images : textes épars 1993-2010, Montréal, Lux éditeur, coll. « Lettres libres », 2011, p. 27.
  • 32. Étaient réunies à mon insu les trois conditions qui, selon le Dalaï-Lama, favorisent l’émergence de l’état créatif : l’expérience, la mise à l’épreuve (et la résilience qui en découle) et la présence d’une contradiction interne ou externe. De fait, s’est écrit mon premier récit de voyage de façon un peu phénoménale, en moins de deux mois.
  • 33. Péguy, Charles cité dans Bernard Émond. op. cit., p. 25-26.
  • 34. Kapuscinski, Ryszard. Ébènes : aventures africaines, Paris, Pocket (Plon), 2002 (2000), p. 63.
  • 35. Salzberg, Sharon. « Generosity’s perfection », Lion’s Roar : Buddhist wisdom for our time, récupéré le 27 novembre 2016 de www.lionsroar.com/generositys-perfection
  • 36. Aubin-Thot, Annab. Gestes d’horizontalité et a/r/tographie, Récit nomade, hiver 2016.
  • 37. Rivard, Yvon. Une idée simple, Montréal, Boréal, coll. « Papiers collés », 2010, p. 13