Publié le 05/19/2016 - 12:24
Mille-Isles, Québec, Canada :
Des feuilles de tabac chutent et s’enflamment. Je m’assois. Regard à l’Est. Poushi. Le voilà le feu sacré. Ton feu sacré. L’Est, la tortue, le féminin, le ventre de la mère, l’intériorité, la renaissance. Poushi. Il vit parmi les humains. Il est apprécié de ceux-ci. Il aime être caressé et aime qu’on le flatte. Il est très attentif. Il écoute les autres. Peu importe l’émotion. Lorsqu’il a accueilli trop d’émois, il quitte la maison. Il quitte le monde des Hommes. Il va relâcher les sentiments accumulés dans la forêt. Lorsqu’il en est délesté, il revient. Tendre l’oreille. Offrir du réconfort. Poushi ne doit pas oublier d’aller libérer ces émotions. Sinon, c’est lui qui doit les porter. Poushi doit se rappeler d’aller dans les bois. Je dois me souvenir d’aller dans les bois. Mais, je dois aussi me souvenir que c’était mon rôle d’écouter les autres. J’ai abandonné ce rôle. En partie. Peut-être parce que j’oubliais de me défaire, de me débarrasser de leurs agitations. J’aime ce rôle. J’ai aimé ce rôle et j’aimerais bien le raviver. Au lieu de m’exclure. D’arrêter d’écouter. De m’isoler dans ma tête. Je devrais retourner dans le monde. Écouter et partager le peu que j’ai appris. Je commencerai ici. Je sortirai de ma tête. Ma tête d’intellectuel. Je retournerai vers mon cœur. En moi. Telle que la médecine de la tortue me le recommande. Écouter autre chose que ma raison. Sentir le monde. La matérialité de la réalité. Ce qui m’entoure. Ce que je ne vois pas, mais qui agit réagit autour de moi et en moi. À travers moi. Sortir de mon crâne. Aller vers mon cœur. Y porter attention. Comme Poushi le ferait pour les autres. Je me mets à chanter. Regard à l’Est.