Publié le 05/19/2016 - 12:25
« Les écrivains vivent dans la langue et dans la voix cette condition à la fois exilaire et asilaire de l’homme, qui ne trouve refuge que dans les aléas de l’Histoire au bout de laquelle il retrouve la vue et la parole comme un abri de fortune contre les orages du temps et les tremblements du lieu. Temps et lieu qu’il n’habite plus qu’en poète, dirait Hölderlin, en les créant et recréant comme lieu de paroles et temps de la voix toujours en déplacement. Arpenteurs du monde intérieur des langues et des fables, les êtres de parole sont des « gens de voyage », sensibles aux déplacements que notre histoire récente et nos territoires nouveaux nous obligent à vivre, sans plus d’ancrage ni d’arrimage qu’au bord des mots et des regards qui nous emportent bien plus qu’ils ne nous fixent1 ».
- 1. Pierre Ouellet, L'esprit migrateur : essai sur le non-sens commun, Boucherville (Qc), Éd. Trait d'union & Le soi et l'autre, 2003, p. 8-9.