Régionalismes et avant-voyage

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Au Québec le terme « Région » est porteur d'un sens excessivement lourd.

Qu'entend-t-on exactement par ce terme? On s'en sert la plupart du temps pour départager deux opposés: Au Québec, il y aurait donc Montréal, et il y aurait le reste : la région. (L'exception à cette règle étant bien sûr la ville de Québec dont on convient parfois qu'elle est une ville à part entière, mais seulement parfois. Car, le reste du temps, elle est aussi souvent considérée comme « un grand village ».)

De par cette distinction binaire entre «métropole» et «région», semble se créer deux opposés. Ainsi, si Montréal est un lieu d'urbanité, densément habité, et culturellement développé, par association, la région, elle, ne peut donc être qu'un lieu peuplé de petits villages de campagne où la culture n'est qu'un enjeu secondaire derrière les rudesses de la vie rurale.

Faisant abstraction du fait qu'aux yeux de l'administration provinciale, Montréal est elle-même considérée comme une région au même titre que les autres (avec son propre code administratif: le 06), le mot « région » a été déformé pour désigner tout ce qui n'est pas urbain, oubliant ainsi qu'il désignait tout d'abord une division du territoire.

Cette vision de la région semble par ailleurs se confirmer dans la recherche et la création littéraire. Il n'est sans doute pas inutile de mentionner, à ce stade-ci, que ce genre de littérature « régionaliste » où le rural prédomine est en regain de popularité depuis quelques années. Ainsi que l'on pense à Arvida de Samuel Archibald, à Sur la 132 de Gabriel Anctil, à Atavismes de Raymond Bock, ou même aux Scotstown et Cranbourne de Fabien Cloutier, on retrouve toujours à chaque fois ce même genre de ruralité trash qui semble à la mode.

La tendance vers ce nouveau régionalisme (avec lequel on serait presque tenté de tracer une filiation avec la littérature du terroir) est en fait si forte qu'on s'est même senti obligé de lui trouver un nom. Ainsi, pour parler des écrivains dont l'œuvre réinvestit activement la région et son image, Benois Melançon invente une nouvelle école qu'il nomme « École de la Tchén'ssâ », et qu'il définit ainsi:

Cette école est composée de jeunes écrivains contemporains caractérisés par une présence forte de la forêt, la représentation de la masculinité, le refus de l’idéalisation et une langue marquée par l’oralité. […] Certains critiques préfèrent parler de néoruralité, de posterroir ou de néoterroir pour désigner ces écrivains de la région. […] Plusieurs personnages que représentent ses membres sont des hommes, saisis dans un décor non urbain, souvent un fusil à la main. Parfois, ils se contentent d’une canne à pêche1.

Ayant moi-même grandi en « région », je dois dire que j'ai eu pendant longtemps un regard similaire par rapport à mon propre lieu de naissance. Cette représentation particulière de la région, omniprésente dans le discours ambiant, m'avait appris à considérer ma ville natale, Sherbrooke, comme un village où il ne devait pas se passer grand-chose comparativement à la métropole montréalaise. C’était un lieu où les préoccupations locales ne pouvaient être que locales, où la culture ne pouvait être que balbutiante, et les services inexistants.

Et, le plus drôle, c'est que je croyais à tout ça malgré le fait que j'ai fait là-bas des écoles d'art durant toute mon enfance et mon adolescence, que j'aurais tout aussi bien pu continuer mes études en littérature là-bas dans l'une des deux universités de la ville, et que je n'ai jamais eu à apprendre à conduire parce que le réseau de transport en commun dans cette ville était déjà suffisamment développé (et gratuit) pour que je n'en aie jamais besoin.

C'est très étrange en fait. J'ai grandi toute mon enfance dans une famille bourgeoise du Vieux-Nord (l'équivalent sherbrookois du Plateau Mont-Royal avec plus de places de stationnement) en gardant toujours dans ma tête cette idée qu'il devait me manquer ici quelque chose parce que ce n’était pas vraiment une ville, parce que ce n'était pas Montréal.

Je n'avais, bien sûr, aucune idée de ce dont je parlais. Tout ce que j'avais appris, c'était à répéter à mon tour cette idée du discours populaire voulant que « Région = petit » et que « Montréal = grand ».

Remarquez, le problème aurait pu facilement être évité : les humoristes à la télévision se seraient mis à faire des blagues sur « les gens en campagne » au lieu « du monde de région » que cette confusion des termes, dans la tête de l’enfant que j’étais, n’aurait pas été la même. Mais non, à la place on insistait sur cette idée que, la « région », c’est le Québec profond. Et comme je n’avais pas encore vu comment les choses se passaient dans le reste de cette province, je me contentais d’absorber cette idée sans poser de question. Essentiellement, mes conceptions s'étaient faites sans aucune comparaison.

« Ceux qui n'ont jamais quitté leur village s'installent dans un temps immobile qui peut se révéler, à la longue, nocif pour le caractère2. » nous apprend Laferrière. C'est en quittant ce que je pensais alors être mon «village» pour gagner Montréal que j'ai été à même de comparer, pour la première fois, comment le temps défilait ailleurs. Quelle ne fut pas ma surprise (pour ne pas dire: ma déception) lorsque j'ai pu constater que les choses étaient en fait à peu près identiques ici dans la « métropole ».

Oui, bien sûr, la ville est plus grosse: Montréal a deux millions d'habitants alors que Sherbrooke n'en a que deux cent mille. Mais, à partir d'un certain point, la taille de la ville semble cesser d'être un paramètre influent sur l'accessibilité aux services: à Sherbrooke, j'avais accès exactement au même mode de vie gorgé d'urbanisme. Je n’ai même jamais relevé aucune qualité importante à Montréal qui m’aurait manqué dans ma ville natale.

 

Fragmentation de la région en points de vue multiples

Mon regard sur la région a donc été ébranlé une première fois par ce «voyage» (déménagement, en fait) de Sherbrooke vers Montréal. Je perdais alors en partie mes complexes d'identités de région en constatant que, Montréal, même si c'est plus gros, au final, ce n'est pas très différent.

Mais mes idées sur la région allaient encore continuer d'évoluer plus tard après d’autres voyages. Plusieurs étés de suite, je me suis mis à visiter des régions d’une manière plus spécifique que je n’avais eu la chance de le faire avant : J'ai fait le tour de la Gaspésie en trois semaines en visitant chaque village de la côte individuellement. J'ai fait la même chose dans Charlevoix l'année d'après.

Ces voyages m'ont permis de constater deux principaux éléments.

Premièrement, ils sont venus me confirmer que ma perception de Sherbrooke comme un «petit village» était parfaitement erronée : Sherbrooke, c’est une ville. Ce serait en fait probablement insultant même que je compare mon enfance «rurale» dans la région sherbrookoise à fréquenter des écoles d'art à l'enfance de personnes des villages où, des écoles, il n'y en a tout simplement plus. La comparaison se fait difficilement tant les réalités et les problèmes sont différente.

Et encore, Charlevoix et la Gaspésie étant tout de même des régions très touristiques, je suis loin d'avoir vu les réalités les plus « trashs », pour ne pas dire, les plus « Tchén'ssâ » : Une amie me parlait récemment de son enfance sur la Côte-Nord en me racontant comment les gens dans son village devaient parfois faire des activités-bénéfices pour financer le déneigement de leur rang, ou pour se payer des lampadaires pour éclairer ce dernier. Elle me racontait comment son village n'avait pas de cinéma, pas de théâtre, et une bibliothèque qui ne pouvait se payer qu'un nouveau livre par année. De ses propres mots à elle : « Quand t'as l'occasion de partir de là, tu pars. Tu veux pas vivre comme ça, pas au vingt-et-unième siècle... » Contrairement à ma ville de naissance d'où je voulais partir par simple ennui ou par l'idée fausse que quelque chose « de plus » m'attendait ailleurs, le manque de ressources dans ces villages-là sont réels, ne doivent pas être négligés et, encore moins, comparés à la légère.

(Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes de pauvreté à Sherbrooke. Il y en a. Les problématiques reliées à ce sujet sont cependant plus similaires à celles de Montréal qu'à celles d'un village du Nord du Québec : itinérance et gentrification ici remplacent l'absence d’infrastructure.)

L'autre élément important que ces voyages m'ont permis de constater, c'est de voir à quel point les sentiments identitaires face au lieu peuvent changer au sein d'une même région. En fait, au fil de mes observations et de mes voyages, une analyse similaire à celle de Bonnemaison3 sur le territoire se dessinait: les frontières tracées par les hommes entre les régions perdaient de leur signification au profit d'autres sentiments créés par le lieu lui-même.

Dans une même région, le sentiment d'appartenance au lieu change dépendamment de la taille du village ou de sa situation géographique, dépendamment de si le village est près de la côte ou profond dans les terres. On identifie sa ville à une rivière, à un fleuve, à une baie ou une montagne. On retrouve dans Charlevoix deux villages presque identiques : La Malbaie et Baie-St-Paul. Mêmes populations (à peu près 8000 chacune), même niveau d'infrastructures, même géographie presque aussi. Pourtant, les deux villages se détestent l'un l'autre. Pourquoi? C'est juste, comme ça, imbriqué par la culture dans le territoire. Chacun est attaché à sa baie et aime bien rire de l'autre dans son autre baie qui n'est « évidemment » pas pareille. Les deux sont à leur limite respective du cratère de Charlevoix, entre les deux il y a une montagne.

À l'appartenance à la terre étudiée par Bonnemaison, nous aurions néanmoins tendance à rajouter un autre paramètre déterminant de la perception du lieu de naissance : le niveau de développement des infrastructures. Ces dernières ont une importance cruciale dans notre manière de percevoir le lieu car elles déterminent notre manière de vivre dans celui-ci. Si moi, avec le recul, je suis en moyen de réaliser que j'aurais très bien pu rester dans ma ville natale et vivre la même vie qu'à Montréal, n'importe qui venant d'un village plus éloigné en Estrie est forcé à un autre résonnement : il est forcé de quitter l'endroit dès qu'il veux aller à l'université ou suivre une formation professionnelle spécifique. Peu importe la région, dès qu'on s'éloigne des grands centres urbains, les services disponibles diminuent.

 

Avant-voyage

Différentes explorations ont donc constamment réarrangé mon rapport à la Région. Déménager à Montréal m'a fait perdre mes complexes à propos de ma ville «de région», explorer plus en profondeur le territoire et côtoyer des gens venant d'un peu partout m'a aidé à saisir ce qu'on entendait vraiment par «Tchén'ssâ » et à quel point, par comparaison, Sherbrooke m'avait offert en termes de ressources et d’opportunités.

L'idée qui m'est venue en tête pour mon voyage pour ce cours a donc été de retourner une nouvelle fois dans ma ville natale pour confronter mon regard au lieu en lui-même.

N'étant pas revenu très fréquemment dans ma ville ces dernières années (mis à part pour de courts séjours chez mes parents durant les fêtes), les souvenirs que j'ai gardés de cet endroit commencent à dater un peu : cela fait un certain temps déjà que je n'ai plus vu mes amis qui vivent encore là-bas, cela fait un certain temps déjà que je n'ai plus expérimenté ce lieu comme si j'y vivais encore.

Ce que je veux ainsi faire, c'est confronter ces souvenirs qu'il me reste par rapport à ce lieu et voir comment ils progressent en fonction de mon expérience de ce dernier. Ne pas seulement passer par là, mais bien, également, me demander d'une manière sérieuse : « En quoi ma vie dans cette ville serait-elle vraiment si différente de ce que je fais déjà à Montréal ? »

L'idée sera de faire un carnet de bord en deux parties: avant le voyage, puis, pendant. La partie « avant » servira à préserver les mythes, les idées apriori qu'il me reste de mon lieu de naissance, ainsi que diverses observations sur ma manière de vivre à Montréal. Suivant cela, la partie «pendant » me permettra de voir comment ces mythes qu'il me reste se développent une fois présent sur les lieux, et comment ma vie à Sherbrooke diffère vraiment de celle à laquelle j'ai droit à Montréal.

Pour m'aider à documenter mon expérience, j'ai tenté de trouver des exemples de récit de voyageur s'attardant eux-aussi à nous décrire la préparation à leur voyage. Je suis ainsi tombé sur L'énigme du Retour de Laferrière.

Qu'on ne se trompe pas: entre Haïti et Sherbrooke, je suis parfaitement conscient qu'il existe une différence d'envergure. Ce n'est pas le même voyage, pas du tout. Néanmoins, entre le projet de Laferrière et le mien, il reste au moins deux points en commun. Les deux projets s'attardent à décrire la partie « avant » d'un voyage, mais aussi, les deux abordent un type de voyage précis : le voyage de celui qui retourne dans son lieu de naissance.

Relire Laferrière m'a fait réaliser que l'important dans le voyage ce n'est pas seulement où l'on va, c'est également d'où l'on vient. Dans tout voyage, il y a toujours un «avant», un moment qui bâtit les anticipations. C'est d'autant plus vrai lorsque le voyage en question nous amène à retourner là où on est déjà allé: la préparation au voyage devient alors une étape cruciale, une expérience en soi, car l'anticipation s'installe alors comme un jeu dans le souvenir.

Là où l'on va devient alors (dans l'image que s'en fait le voyageur) là d’où l'on vient. Pour celui qui connaît déjà l'endroit, il est impossible d'imaginer son futur voyage sans repenser à ce qu'il connaît déjà là-bas; les gens qu'il y a laissés, les lieux qu'il y a fréquentés, les choses qu'il y a abandonnées.

Toute la première partie du récit de Laferrière prend place à Montréal. L'auteur nous y décrit son arrivée ici, mais aussi, les raisons de son exil ainsi que de son éventuel retour là-bas. Si Montréal est bien le lieu de cette première partie, les souvenirs du narrateur nous ramènent pourtant toujours à son pays natal, à sa famille abandonnée là-bas et aux aprioris de son retour.

Mon propre projet de création commencera d'une manière à peu près similaire et prendra la forme d'une errance au travers de Montréal où des souvenirs passés de Sherbrooke seront constamment invoqués. Que me reste-t-il de Sherbrooke maintenant que j'en suis loin? Des souvenirs et perceptions plus ou moins vagues qui ne se réactivent qu'en fonction de ce que je côtoie ici. Le souvenir d'un lieu a ainsi été «corrompu» par l'expérience d'un autre, par mon adaptation à ce dernier.

« On n’arrête pas d'apprendre, de désapprendre, pour s'adapter, et de réapprendre parce qu'on est revenu au point de départ4. » Ma perception de Sherbrooke avant le voyage, c'est la perception «désapprise» par l'adaptation à Montréal. J'ai beau dire que Sherbrooke est autant urbaine que Montréal, je n'y suis pas encore. L'idée derrière le fait d'écrire sur son voyage avant même de l'avoir commencé devient alors de pouvoir conserver ces traces de ce que l'esprit était avant de réapprendre le lieu par son expérience directe, de voir comment les histoires et les mythes qui nous habitent présentement se retrouveront confrontés au choc du réel.

Comprendre comment ma vision de la ville et de la région changeait d'un lieu à l'autre m'a permis de constater que j'oublie (et réinvente) mon expérience d'un lieu dès que j'en vis un autre. L'écriture me permettra peut-être désormais de lier plusieurs lieux ensemble. C'est, tout du moins, ce que nous espérons.

 

Retour et authenticité

Pour terminer cette partie, je reprendrai les définitions de voyageur et de touriste de Jean-Didier Urbain5 et j'argumenterai également que le type de voyage que j'entreprends d'aller faire là-bas est, selon moi, celui qui se rapproche le plus de l'expérience authentique du voyageur.

En effet, Urbain définit le touriste comme celui qui pervertit les traditions locales et rend l'expérience du voyage «commerciale» de par sa recherche constante d'activités touristiques organisées et de boutiques souvenirs. Le voyageur, lui, en contrepartie, ce serait donc celui qui recherche l'expérience unique, qui ne s'achète pas, et surtout, qui l'immerge totalement dans la culture de l'autre.

Or, dans quel autre endroit que sa ville natale a-t-on moins de risque de « pervertir » les manières de faire locales? Dans quelle culture s'immergerait-on plus parfaitement que celle dans laquelle on a grandi? Je n'ai pas besoin de passer dix ans à Sherbrooke pour comprendre comment me confondre parfaitement avec les Sherbrookois, je le fais déjà: J'appelle le bus la bus, j'appelle la pyrite de la cope, et j'appelle une grosse bouteille de bière une chienne.

De plus, quelle ville visiterait-on moins comme un touriste que la nôtre? Quand je suis en voyage, d'habitude, si je ne sais pas quoi faire, je vais visiter des églises, ou d’autres lieux à fort intérêt touristique. À Sherbrooke, je vais plutôt visiter la population locale (mes parents) directement chez eux, ou alors, je vais prendre un verre avec mes amis qui sont restés là-bas. Bref, je vais voir des choses pour lesquelles on pourrait difficilement me faire payer un ticket d'entrée ou me vendre des cartes postales. Quant aux souvenirs, malheureusement, ceux qui me restent de cette ville-là ne s'achètent pas dans des boutiques.

Qui aurait cru que l'expérience la plus authentique de voyage se trouverait dans sa région natale?

Cliquez ici pour accéder à la partie création liée à cet essai.

 

 

Référence bibliographique de la source: 

Bibliographie :

Bonnemaison, J. (1981). Voyage autour du territoire. L'Espace Géographique, 4(1), 249-262

Bouchard, S. Melançon, B., Pleau, J. (2013, 21 mars). Les régions dans la littérature québécoise d'aujourd'hui. [Webradio]. Récupéré de C'est fou... http://ici.radio-canada.ca/emissions/c_est_fou/2015-2016/chronique.asp?idChronique=366897

Melançon, B. (2012). Histoire de la littérature québécoise contemporaine 101, Récupéré de: http://oreilletendue.com/2012/05/19/histoire-de-la-litterature-quebecoise-contemporaine-101

Melançon, B. (2013). L'École de la tchén'ssâ a un an, Récupéré de: http://oreilletendue.com/2013/05/19/lecole-de-la-tchenssa-a-un-an/

Laferrière, D. (2009). L'Énigme du retour. Montréal: Boréal.

Laferrière, D. (2009). «L'énigme du retour» (Prix Médicis 2009). [Vidéo].Récupéré de: https://www.youtube.com/watch?v=iu1SNYvDMQk

Langevin, F. (2013, 21 Février). La régionalité dans les fictions contemporaines au Québec. Conférence, Montréal, Canada, 21 Février 2013. Montréal: Salon Double. Récupéré de http://salondouble.contemporain.info/la-regionalite-dans-les-fictions-contemporaines-au-quebec

Urbain, J. (2002). L'idiot du voyage: Histoires de touristes. Paris:Payot