Publié le 10/16/2016 - 22:11
Auteur·e du carnet:
Image : Spencer Tunick devant 1200 corps dans la Mer Morte (http://www.spencertunick.com/installations).
En route vers un petit ailleurs,
en lien avec ce que le voyage permet enseigne et plante niveau proximité communauté humanité
et ouvertures inespérées :
en lien avec ce que le voyage permet enseigne et plante niveau proximité communauté humanité
et ouvertures inespérées :
Ce matin dans le plus tôt des métros
Bondé blindé dur
Je pousse pour passer je fais le chemin pour entrer
Me sens mal pas de ça mais
De la femme devant moi à qui je dis je m'excuse je peux pas être en retard ce matin je peux pas.
Nos visages se touchent presque nos nez s'accoteraient si le métro hoquetait
Elle ne répond pas elle se tasse et se retranche dans son silence pointu elle regarde en bas et partout et nulle part à la fois
Je me sens mal d'imposer ce corps que j'ai grandi à en perdre haleine mais jamais la foi. Je me sens mal d'être dans ses jambes et dans les miennes mais de vouloir de pouvoir et de chérir y être à la fois. Regarde-moi.
Ce matin dans le métro que j’enfonce jusqu’au bout j'ai mal de l'homme au fond mes yeux lui disent je m'excuse j'ai un train à 6 heures c'est pour ça
Il sacre dans sa barbe murmure des estie de criss de gens qui savent pas vivre câlisse
De criss de tabarnaque d'estie.
J'ai mal
Pas de ça mais de ses yeux plissés
Ses grands yeux verts mer
Qui sacrent plus fort que sa voix.
Ce matin dans le métro je pars vers un lac qui se prend pour l'océan je sais que j'ai ma place que j'ai le droit d’être alors j'avance mais je recule, j'entre mais colle à la porte je mets mon sac à terre mon livre collé à mon cœur j'ai le droit mais
J'aimerais avoir l'espace
Trouver une brèche d'accueil dans le mur des matins de job
l’accueil du voyage, une warmshower pour les humains normals
Je me sens pas mal : je l'ai.
Mal de la femme blanche qui parle à l'homme noir très lentement en se penchant devant en détachant les syllabes comme à un idiot un vieux un enfant. J'ai mal de la plume épinglée à son chapeau de Congolais qui comprend pas les rites de la rapidité au détriment de la communauté
Mal aux yeux levés d'une femme impatientée
Ses sourires lourds de jugement l'inadéquation qu'elle crée en la renforçant j'ai mal qu'elle le sache sûrement même pas qu'elle fasse de son mieux mais que son mieux fasse mal autour
Je me sens mal des gens j'ai mal d'arriver à les aimer difficilement. Ce matin dans un métro où j'ai dû pousser pour forcer ma place même si « on est pas en Inde ici Catherine », je me sens mal de difficilement aimer les regards clos de chercher des yeux impliqués d'au moins trouver une mini-terre d'accueil mais non nulle part du tout et entre les coups du large et le fouet de vagues sous les étouffements
un homme descend ici
et quitte son banc et laisse sa place et me dit
je vous la cède
madame