Mouvement(s) image(s)

Auteur·e du carnet: 

image : Juliette lusven ©

 

L'image, travaille, nous travaille autant qu’on puisse la travailler. Difficile à définir, elle nous échappe en fait. Elle brouille les passages de sa venue, de notre histoire, de notre connaissance. Elle s’installe ou fuit, fixe ou en mouvement, elle dissimule un réseau de mémoire et d’imagination toujours en montage où les impressions se supperposent.

L’image est comme une carte. Une carte que l’on déplace cherchant à la placer entre autre, entre les choses, entre le temps et l’espace, à certain croisement. Tel un point. Point d’une carte.

Une image - mémoire ou la pensée cartographique des images s’explore dans ce vaste mouvement sans repères. Des fragments visuels s’associent ou s’impressionnent dans le site du psychisme pour se matérialiser ailleurs, dans une espèce de transparence photo - géo - graphique et historique toujours en devenir.

Alors comment l’image nous travaille ? Et comment la travaillons nous à son tour ?

Par les yeux, le regard, par la mémoire, par les mains, par l’espace et le temps, par l’avenir, par la fiction ou le réel ? Par notre déplacement ou par son déplacement ? Par les appareils, les reproductions ou les souvenirs de nos projections ? Par quel mouvement nous parle-t-elle ? Et par quelle mouvement apparait-elle ou nous ré-apparaît-elle ?

L’image est mystérieuse, elle ne peut si facilement se définir, elle ne peut que produire, c’est à dire enchainer, transporter des associations ou plus encore des rapports. L’image ou plutôt nos images, les images orientent notre pensée visuelle qui trame sans arrêt définitif la résonnance qui s’explore, s’expose dans des lieux jadis inconnus, insituables au fond car toujours passés ou à venir d’un parcours, toujours en mouvement.

D’ailleurs pourrions-nous penser sans image ?

La question de l’image sera toujours ou jamais résolut. Elle se dissout dans son battement, dans sa matière à déplier ou à se replier, dans sa manière à se révéler.

La carte aussi se plie et se dé-plie dans une volonté ou un besoin nécessaire de croire-savoir où l’on imagine aller, voir des fois se rappeller où l’on a été.

C’est complexe de savoir, de comprendre ce que peut une image comme une carte. C’est justement le mouvement de projection qui se déploie encore une fois, cette surface qui s’étend au delà des limites du cadre qui nous intercepte. Nous nous arrêtons à ce moment-là où tout est possible de se rappeler, de se déplacer, d’aller au delà du seul fait de ce qui est ou a été.

Tout se remet toujours en mouvement, car le projet de l’image et de l’écriture qu’il soit obscur ou lumineux ne fait que se battre pour s’extraire du flux quotidien si intense soit-il.

En fait, quand une image fait image elle s’extrait de l’intérieur et sans retenue en trouve une autre et explore un nouveau territoire que l’on peut de nouveau rejoindre. Elle sculpte une résonnance et ouvre un nouvel espace de penser toujours et encore à venir.