Publié le 03/24/2016 - 12:31
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Celui qui voyage sans rencontrer l'autre ne voyage pas, il se déplace.
— Alexandra David-Néel
Cette phrase, je l’ai d’abord trouvée d’une grande beauté, portée par un élan d’ouverture sur le monde. Seulement, elle m’a fait voir le voyage que je suis à préparer sous un tout autre angle et je ne sais plus si j’ai toujours envie de partir.
Dans les semaines qui ont suivi la réservation de notre voyage, Martin m’a appris que le Maroc est un pays homophobe : l’homosexualité y est illégale et tout acte à caractère homosexuel est passible d’une peine de prison allant de six mois à trois ans. Puis, il a ajouté que notre vie, si l’on apprend que nous sommes gais, pourrait être mise en péril.
Je me suis d’abord blâmé, me disant que j’aurais dû faire des recherches avant que l’on réserve nos billets, mais surtout que j’aurais dû me fier à mon intuition, car je n’étais pas convaincu que c’était une destination tout indiquée pour nous. J’ai appris vendredi dernier que Martin savait, depuis quelques mois, que le Maroc n’était pas le pays le plus accueillant pour des hommes comme nous, mais qu’il n’avait pas jugé bon m’en parler plus tôt...
J’ai le sentiment que mon corps traversera la douane marocaine, tandis que mon âme m’attendra au Canada. Je serai sans doute celui qui voyage sans rencontrer l’autre, qui ne fait que se déplacer...
(Source de l'image : URL : https://www.flickr.com/photos/gjofili/4337577836. Creative Commons (CC).)