Publié le 02/04/2016 - 21:23
Qui crois-tu tromper en t’inscrivant dans un séminaire sur les récits nomades, toi qui n’as jamais voyagé ? Que seras-tu en mesure de raconter quand viendra le temps d’écrire un récit de voyage ? Tu crois peut-être qu’il suffit d’avoir traversé le Brooklyn Bridge ou de s’être aventurée dans les méandres du métro new-yorkais, un café de chez Starbucks entre les mains, pour être une voyageuse ? Tu dévores des récits de voyage qui te font rêver, mais dans le monde réel, tu t’es pratiquement toujours contentée de visiter les endroits les plus fréquentés par les touristes. Peut-être est-ce parce que tu t’es si peu déplacée que lorsque tu as la chance de le faire, tu as envie de visiter les lieux dont tu as maintes fois entendu parler : Central Park, Time Square, les plages des hôtels tout-inclus que l’on retrouve dans les Caraïbes… Ces hôtels décors en carton pour Canadiens et États-Uniens qui veulent s’enivrer et se faire bronzer, à l’année, et ce, sans être trop dépaysés. Ces hôtels destinés à ceux qui veulent profiter d’un climat tropical dans un endroit où la pauvreté ne risque pas de trahir sa présence. Ces endroits paradisiaques où tu vas retourner et où tu vas laisser de gros pourboires pour te déculpabiliser. À Boston, tu t’es contentée de suivre la route de briques rouges, la Freedom Trail. Celle-ci t’a fait passer devant toutes les attractions les plus prisées par les touristes. Quels souvenirs as-tu conservés de ce voyage, en dehors d’une nuée de touristes semblable à un nuage de mouches vrombissant autour des sites historiques en faisant bourdonner leurs appareils photo ? Si tu t’es inscrite dans ce séminaire, peut-être est-ce parce que tu n’as plus envie de naviguer sur les mots des autres. Peut-être est-il tout simplement temps pour toi de prendre la plume, de partir à l'aventure et de mettre des mots sur des expériences qui ne se vivent pas sur des chemins déjà tracés ou à l’intérieur de cages dorées pour touristes boulimiques.