état de crise en tant que communitas

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En nous questionnant aujourd'hui en classe à propos du terme communitas et comment il s'applique ailleurs que dans les examples de tribus relatées dans le texte de Turner, l'idée de catastrophe m'est venue à l'esprit. Est-ce que le 11 septembre lorsque les tours se sont effondrées est un exemple de communitas? Surtout pour les gens qui étaient sur place mais aussi pour tous les témoins à travers le monde qui ont vu les images de cette catastrophe. Il s'agit effectivement d'un changement de paradigme (il y a le avant et le après 9/11) donc en quelque sorte un rituel dont la zone liminale est l'événement lui-même. J'ai trouvé un article fort intéressant qui fait le pont entre ces notions et le 11 septembre:

http://bulletin.hds.harvard.edu/articles/winterspring2013/visiting-void

Voici deux courts passages qui résument bien:

"You were almost like in your own community, almost like in your own home; you were almost in utopia. It [didn't] matter what you look like, what you believe in, what you don't believe in; it [didn't] matter your feelings about religion, about war, about anything. ... Without speaking a word, you see someone and you say "I love that person."

"While their personal reasons for visiting the site are as diverse as the individuals themselves, I want to suggest that many workers periodically return to Ground Zero as a way of preserving the communitas they once experienced there. In the aftermath of the attacks, these citizens employed ritualistic strategies that made the world feel more manageable during a time of crisis and transition, and to reestablish intersubjective bonds. Today, even after having left their cleanup roles, workers continue to project emotions onto Ground Zero, and they return to the site on occasion to reconnect with the values and memories they associate with it. This particular group of people associates Ground Zero not only with destruction and death, but also with the potential for humans to live in harmony."

De la même façon, lorsque je suis allé récemment à Fort McMurray, juste après le feu (un autre type de catastrophe quoique peut-être plus symbolique) , ce qui est ressortit souvent de la part des réfugiés qui se trouvaient dans le centre d'accueil à Lac la Biche est ce sentiment d'harmonie et d'amour ressentit de la part de la communauté; l'aide et l'appui qui rapproche les gens en situation de crise. Comme dans la communitas, les rôles sociaux étaient diffus et tout le monde vivait cette expérience comme un état liminal prolongé, ne sachant pas quand le feu s'arrêterait et s'ils pourraient un jour retourner dans leurs maisons. Quand ils ont pu le faire, leur vie n'était bien évidemment plus la même.

Si je tente de ramener cette idée de catastrophe comme étant une communitas dans le cadre de ce groupe de recherche, j'aurais tendance à dire que la situation de crise provoquée par une catastrophe est un voyage forcé. Une forme d'exil se trouvant à l'opposé du spectre du voyage par plaisir.