Images : www.bridoz.com/larmes-au-microscope
En ordre : larmes de changement, larmes d'espoir, larmes d'humidication, larmes d'oignons, larmes de fou rire, larmes de nostalgie, larmes de soulagement et larmes d'exaltation.
Ce matin tu m’apprends qu’en visitant les ailleurs on peut attraper une résistance aux antibiotiques de l’ici. Tu en parles comme d’une vulnérabilité d’un danger de quelque chose qu’il faut surveiller aïe les voyageurs là faut surveiller ça. Tu en parles comme de quelque chose dont il faudrait se méfier, d’un désavantage au voyage, d’une anguille sous roche d’une épine dans rose. Tu en parles comme d’une vulnérabilité mais c’est drôle je la trouve belle, je la trouve force, je m’en trouve renforcée.
Ce matin c’est mes impressions calquées dans un corps que j’entends. C'est ce que je ressentais avant rendu maintenant visible sous ton microscope. Tu le dis toi-même : c’est comme si voyager m’avait outillée différemment, me protégeait à sa manière. Sous le costume d’un vol d’anticorps le voyage m’offre en fait d’autres manières de combattre. Tout le monde médical y voit l’inverse mais l’affaire c’est que l’expérience du voyage est devenue mon remède d’avance aux maladies qui viendront tantôt. Un remède que j’ai moi-même fabriqué en le permettant en l’encourageant en le cultivant. Un médicament qui ne se mange ne se pique ni ne s’applique, un médicament invisible pour tes yeux aujourd’hui sauf si tu regardes tranquillement
par mes espaces vacants
mes mécanismes d’adaptation amplifiés
mon intelligence intuitive upgradée, updatée
Ça me sauvera pas des nuits à l’hôpital mais du rêve de la peur, peut-être.
Ce matin j’écoute ta chronique et vos échanges dans un bureau d’études radiophonique et
je comprends
ce paradoxe que depuis des années
je sens.
Ce matin est dite pour les langues qui veulent la comprendre this beautiful mess that this Beautiful Mess made out of me. Quand un médecin prend sa voix de l'heure grave son ton des choses sérieuses pour m’annoncer qu’en voyageant par exemple en Inde ou dans les zones rurales d’Amérique du Sud ou dans les régions subsahariennes du continent africain j’ai perdu des anticorps en chemin, je soupire de sourire parce qu’il pointe en pensant que c’est laid quelque chose de beau. J’ai perdu des anticorps en mangeant des chapati des thalis du palak paneer en buvant de la thenda pani. Les banana terra m’ont dénuée les tapioca m’ont déshabillée la maracuja conserve dans sa coque toutes ces choses de moi ces choses peut-être utiles ou peut-être pas. La sauce-légumes m’a sucé des défenses le bissap a gardé mes anticorps pour en faire pousser des fleurs pour refaire d’autre bissap rouge rouge saignant pour sucer les Blancs pour offrir aux Blancs encore pour leur offrir ce dont ils ont peut-être besoin : une autre sorte de force.