Logorrhée labyrinthique

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Il y a quelques années, j’ai adopté une forme d’écriture caractérisée par l’absence presque totale de ponctuation. Je mettais en page le texte de façon à ce que les paragraphes forment des blocs. Mon écriture s’apparentait au geste du peintre qui fait naître des images en créant des tableaux rapidement, à grands coups de pinceaux. Un mouvement spontané, sec et vif. J’avoue qu’à l’époque, cette écriture est née d’une difficulté à manier habilement la langue française et sa syntaxe correctement. Pourquoi ne pas effacer tous les points et virgules dans un texte si l’on ne sait pas où bien les placer?

Le récit de voyage, puisqu’il suscite souvent un amalgame de souvenirs que j’ai envie d’évoquer en tant que série d’images et souvenirs en éprouvant une certaine excitation que provoquent les liens et le partage effectués en conversant avec d’autres voyageurs par exemple, me semblait se prêter à ce type d’écriture non ponctuée.

Je réalise maintenant que ce que je tente de faire en adoptant ce type d’écriture est de retranscrire le plus honnêtement possible en mots ce qui se passe dans ma tête, c’est-à-dire de représenter cette logorrhée de pensées qui accourent, qui s’entassent et créent un blocage au seuil de la parole, ce qui fait en sorte que quand j’ai envie de tout dire en même temps j’ouvre des parenthèses et je ne les referme pas. Je perds le fil de ma pensée parce que je pense déjà à autre chose et c’est à ce moment-là que mon interlocuteur me dit « j’te suis plus du tout ». Cette forme d’écriture non ponctuée est involontairement labyrinthique. C’est ce que m’a rappelé Maxime Boutin, qui m’a partagé cette observation cette semaine. Il faudra que je réfléchisse plus à ce sujet... une fois la session terminée! 

 

(Source de l'image : URL : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lucques-Labyrinthe.jpg. Creative Commons (CC)).