L'Appel de l'hiver

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Prélude : la passe à vide

«Ça va passer, cette sabbatique en Asie va te faire un grand bien, te recentrer, te donner une nouvelle perspective. Une année en Asie du Sud Est est la meilleure chose qui peut t’arriver. Et la passe à vide que tu ressens dans ta production hé bien tu vas voir, ce sera chose du passé au retour». C’est sur ces conseils pleins de sagesses prodigués par son ami Sabato, ce grand voyageur, son confident et ami de longue date, que Pierre décida d’entamer ce périple de sabbatique d’un an en Asie. Une tentative pour retrouver le fil, le sens qui alimentait son geste créatif. 

Et Sabato aurait raison, Pierre trouverait sûrement son chemin hors de ce désert créatif. Il découvrirait une façon de s’extirper du cul-de-sac, et le goût de produire d’autres œuvres, des objets ou des images serait au rendez-vous après cette année de ressourcement. Il suffisait de s’embarquer dans le processus, de s’abandonner à l’entreprise. Tout mettre en storage, virer l’auto chez un ami pour les prochains douze mois et faire ses valises. Voyager léger. Après tout, on n’a pas besoin de grand-chose dans un pays où il fait une moyenne de 25 degrés par année.

C’est donc ce que fit Pierre. Il alla rejoindre une amie en poste à Hanoi, qui l’avait invité sans retenue. Elle possédait plusieurs chambres d’invités et cela lui plaisait d’avoir de la compagnie. Surtout comme celle de Pierre, un artiste passionné, le rire facile et les poches somme toute assez garnies pour ce type de territoire. Un parfait compagnon de voyage pour les week-ends avec qui elle pourrait passer ses temps libres. Lui s’adonnerait à la photographie, au dessin, il aurait même avec lui sa guitare pour en jouer. C’était un arrangement parfait. Et tout fonctionna à merveille.

Pierre avait loué une moto pour partir les week-ends explorer les environs ou faire des petites road trip d’une semaine aux alentours de la capitale. Faire l’expérimentation de cette autre culture grâce à la stabilité du logis à Hanoi. Y aller en profondeur, enfin, plus loin qu’un touriste de passage, se disait-il. Il en avait de la chance! Et le voyage faisait doucement son ouvrage. Le regard de Pierre se portait vers l’extérieur, vers l’autre et ces nouveaux lieux, et ceci lui permettait de se détacher de ses préoccupations occidentales et de ses obligations professionnelles.

L’objectif était clair, se laisser porter par ces découvertes pour arriver a retrouver son filon créatif, pour reconquérir ces paysages imaginaires à labourer. Cette envie de créer qui était enfouie, ou même perdue, pensait-il... Pour cela, la seule solution possible était simple; adopter la posture du contemplateur, être réceptif aux événements et expériences nouvelles. Retrouver, même temporairement, le regard d’un enfant. Ce regard qui portait en lui l’idée ludique et inviolée de ce qu’était la création. La magie de l’Asie ferait bien son œuvre, elle n’y manque jamais. C’était écrit dans les étoiles et prédit par Sabato. Et ce Sabato avait déjà fait ce parcours, s’était perdu dans les dédales de la Thaïlande, vécu en proximité des chamans et des filles magiques qui vous font croire que vous êtes le prince charmant. Non, Pierre avait bien été mis au fait de ces mondes possibles et ces dangers, mais également de toutes les merveilles que peuvent receler ces cultures asiatiques. Ce fut donc un premier 6 mois d’acclimatation à l’autre, à cette culture communiste, mais également au climat tropical. De beaux mois de juillet à décembre à découvrir combien les modalités d’occupations d’une ville et d’un lieu sont différents selon le point géographique où l’on se trouve et l’inclinaison de la terre sur son orbite associée. Détail cosmique anodin, mais qui a tellement d’importance dans la construction des relations des habitants avec un territoire donné. Chose certaine pour Pierre, il avait intégré que la météo faisait partie de la matrice d’un lieu, et que ces qualités territoriales singulières régissaient les modalités de base de ses relations sociales quotidiennes.

Il est alors normal qu’arrivé en janvier, la grisaille, la pluie et la froide humidité de l’hiver vietnamien déclenchassent en Pierre un désir d’évasion. Et l’idée qui avait été envisagée avant son départ, celle de visiter le Japon, ce lieu romantique régi par la forme et les rituels, prit de plus en plus d’ampleur dans son esprit.

 

Départ

Partir du Vietnam pour se rendre dans le nord du Japon en plein mois de janvier ne paraissait pas être une mauvaise idée. Quitter le climat pluvieux et maussade de ce pays communiste semblait être un excellent remède à son moral baissant et sa respiration devenant de plus en plus laborieuse. Le froid sec du Japon hivernal serait le bienvenu pour ses sinus. C’était peut-être également le nombre démesuré de motorbikes dans la ville qui l’accueillait depuis juillet qui lui pesait. Personne ici ne se déplace à pied! Faut être soit touriste ou bien vraiment fauché pour ne pas rouler à moto dans cette ville, se disait-il. Il avait bien décelé que la moto était plus qu’un moyen de transport, mais également un symbole de prospérité, ou plutôt, un outil d’émancipation personnelle autant qu’un outil de travail. Tout le monde transporte tout là-dessus : de la petite famille au complet (2 adultes et 2 enfants) à la cargaison démesurée de caissons de légumes ou de cochon étranglés, tout est faisable. Pierre ne s’en formalisait plus, ne s’en étonnait même plus. En 6 mois à Hanoi, il avait tout vu ce qu’il était physiquement possible de transporter sur un motorbike. C’était peut-être alors cette démesure humaine, cet excès dans le quotidien qui le fatiguait et qui l’avait usé tranquillement. Certes le choc culturel avec le Vietnam est puissant, mais ce choc s’était estompé à force de vivre le quotidien de ces habitants. Leur réalité, leurs défis, leurs façons d’y répondre. La façon qu’ils ont de pactiser avec l’esprit des lieux et les daimons présents, comme l’autre dirait. C’est comme si ce peuple, combien résilient, repoussait les limites normales de la sécurité personnelle dans leurs activités quotidiennes; testaient chaque jour les limites de la vie. Le danger, qui semblait être partout pour un occidental n’était en fait qu’un autre pan de la réalité pour un Vietnamien : Des travaux de construction à pieds nus en passant par les multiples câbles électriques vivants qui érectaient des trottoirs (mais rappelez-vous, personne ne marche au Vietnam!) aux toilettes à aire ouverte pour bébé, ici chaque geste du quotidien était comme un poing levé contre la normalité civique occidentale!

Tout ceci rappelait à Pierre combien c’était différent chez lui. Mais cette différence, véhiculée par la promiscuité avec les Vietnamiens commençait à lui peser. Bien entendu il y avait la question météo, mais le problème était plutôt au niveau de la transgression des frontières entre le public et le privé. En fait, au Vietnam, l’espace privé est très très restreint et ne s’applique presque pas en situation sociale. En fait, pas du tout comme il était habitué. Et cette proximité le taxait, le grugeait doucement dans son espace intime, dans cet espace même qu’il tentait de reconquérir. Pierre avait besoin d’un temps pour digérer ces différences, d’absorber ces sensorialités et prendre un temps en solitaire pour intégrer ces bouleversements. Le Japon oui, le Japon donc pour une deuxième fois.

 

Saisons et sociabilités bien différentes

En vrai québécois, Pierre avait l’habitude de vivre quatre saisons bien définies dans un cycle annuel normal. L’hiver ne correspondait pas à la grisaille humide de janvier qui sévissait à Hanoi. Non, un vrai hiver, une vraie saison froide où la neige envahit chaque recoin du paysage et vous empêche de voir à plus de quelques mètres devant vous. Un hiver qui impose ses lois et ses sociabilités. Un hiver qui ralentit le rythme, qui vous plonge dans une torpeur bienveillante. Oui, c’était tout ça qu’il fallait retrouver momentanément. Un appel à la normalité pour cet être nordique, ce québécois à la couenne dure. 

Cette territorialité motiva Pierre à aller passer «l’hiver» de son sabbatique en roadtrip dans l’île nordique d’Hokkaido.  L’île la plus au nord du Japon qui est balayé par des vents nordiques qui descendent directement de la Russie. La région au Japon qui reçoit annuellement plus de 400 cm de neige (comparé à 217cm pour Montréal).

 

North Face

Difficile de trouver l‘équipement nécessaire à une expédition nordique dans un pays du 2e monde où la jungle est souveraine. Mais par chance que nous, américains, désirons des biens abordables; la manufacture de la compagnie North Face se trouve justement tout près d’Ho Chi Minh city, la métropole au nord du Vietnam. Celle-là même qui était de mèche avec les États-Unis lors de la guerre des «Amériques», comme les Vietnamiens aiment l’appeler. Pierre trouvait cette différence dans l’identification de cet événement tragique bien amusante. Quoi qu’il en soit, grâce aux Américains, Pierre trouverait l’équipement hivernal requis pour son voyage à travers son voyage. Du moment où on connaît les endroits où aller pour se procurer ces items qui comportent quelques défauts ou qui disparaissent des lignes de production officielles tard la nuit… Et grâce à ses contacts d’Hanoi, Pierre connaissait ces lieux. Alors il ne partirait pas en manque de duvet pour son périple nordique. 

Merci North Face Vietnam!

 

Île d’Hokkaido : l’esprit nordique japonais

Mais quoi d’autres allait-ils chercher là-bas que l’esprit de l’hiver? Quel était son désir de rencontre? Était-ce uniquement une saison?  Savait-il dans quoi il s’embarquait à vouloir parcourir ces paysages nipponais en road trip? Bien sûr, il avait déjà fait l’expérience de cette culture 5 ans plus tôt, lors d’un voyage de 3 semaines où il avait rejoint son ami Sabato alors professeur d'anglais qui enseignait à une bande de pauvres japonais inconscient de la singularité de leur professeur. Professeur qui avait de la difficulté à aligner 3 mots en anglais avec la bonne prononciation ou le bon accent. D’ailleurs, la trace linguistique semble maintenant retraçable, car une légende urbaine veut que ce village ait maintenant son propre dialecte lorsqu’il s’exprime en anglais... Quoi qu’il en soit, ce n’était donc pas le premier voyage de Pierre en contrée nipponne. Donc le choc culturel (car choc culturel il y a) serait sûrement amoindri. Il s’agissait d’aller à la rencontre d’une autre facette de ce peuple fort unique. Une facette plus près de nous, croyait-il, car modelée par des paysages et un climat similaire, la nordicité.

La première étape au Japon fut de trouver la voiture nécessaire (une Toyota Écho rose) à la complétion du voyage et les pneus adéquats pour affronter l’hiver asiatique de l’île d’Hokkaido. Pierre estimait que 6 semaines seraient amplement suffisantes pour aller jusqu’à cette île et revenir vers son point de départ. Le tracé sur la carte l’amènerait jusqu’au traversier situé à Aomori. Et ce parcours le faisait même passer par la région de Sendai, qui avait été, un an plus tôt, le témoin de la force dévastatrice d’un Tsunami suite au tremblement de terre du 11 mars 2011. Pierre était fasciné par les espaces en friches et bâtiments abandonnés. C’était une fascination qui remontait à loin, qui avait guidé sa pratique de la sculpture et nombre d’expéditions photographiques. Cette idée de la ruine lui était chère, car en celle-ci il retrouvait des enseignements impossibles à acquérir ailleurs, des enseignements sur les cycles de naissance, de croissance et de déchéance. Des lieux d’inspirations qui portent en eux autant de possibles que de rêves brisés. En un mot, Pierre recherchait depuis toujours le contact avec ces lieux indéfinis qui se situent dans les franges de la trame urbaine. 

 

Sendai : la ruine 

Alors sans pudeur, une destination du voyage serait la région de Sendai. Elle qui avait vécu la colère d’un Tsunami un an plus tôt . Pierre tenait à y aller, même si s’y rendre n’était pas facile. Car l’armée bloquait les entrées de l’autoroute aux visiteurs. Même si ces derniers étaient en très petits nombres, tous sans exception se faisaient retourner. La route appartenait aux membres des équipes de nettoyage et de reconstruction. Mais il devait y avoir plus. Ce peuple très orgueilleux, qui n’aime pas perdre la face, ne désirait pas qu’un Gajin aille faire du tourisme de catastrophe. Et c’était bien entendu, selon leur point de vue, de quoi il s’agirait. Un safari photo guidé par une fascination récurrente pour l’idée de la ruine et des friches humaines. Mais pour Pierre il s’agissait d’une rencontre avec des lieux dont l’entropie n’est pas née d’une action ou inaction de l’homme, mais bien d’un événement naturel d’une force inouïe. Différence qu’il fallait expérimenter, que Pierre devait voir de ses yeux, parcourir de ses pieds et sentir avec son corps pour en comprendre la subtilité. Comprendre la force de la nature déchaînée, et notre infime petitesse dans ce monde aux réactions insoupçonnées. Pour Pierre, cette expérience était devenue essentielle à cette étape du périple. La rencontre avec les traces qu’un phénomène naturel a imprimées sur un territoire, et la façon dont les habitants y ont répondu.

 

Transformation

Mais le contact avec ces lieux dévastés a produit quelque chose d’inattendu à l’intérieur de Pierre. Il ne s’agissait plus de la découverte d’un territoire en friche, mais plutôt de l’attitude de ses habitants. Car le fait d’assister à autant de déploiement d’efforts communautaires, engagés dans un but commun de reconstruction, redonna à Pierre une lueur d’espoir en l’humanité. Il était dérouté par le nombre de bénévoles provenant des quatre coins du Japon s’étant rendu dans la région pour contribuer au nettoyage et à sa reconstruction. D’ailleurs, aucune chambre d’hôtel ou Ryocan n’était disponible pour les touristes. «C’est peut-être pourquoi les autorités ne voulaient pas nous y voir,» pensa-t-il. Qu’à cela ne tienne, il dormirait dans la petite voiture, et ne s’imposerait pas en fardeau supplémentaire. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de dormir dans une petite Toyota Écho, mais je peux vous dire que c’est un défi en soi! Mais c’était un faible prix à payer pour ne pas encombrer les reconstructeurs du territoire. Pierre n’avait pas de difficulté à pactiser avec les travailleurs et les restaurateurs le long de son chemin. Ce grand brun sympathique abordait le quotidien avec une ouverture et une modestie qui plaisaient bien au Japonais. S’effacer, se retirer de l’équation, un des principes de la religion bouddhiste zen.

Les sentiments qui habitaient Pierre étaient d’abord l’humilité face à la force de la nature, mais c’était l’esprit de résilience des individus face à cet événement qui le submergeait. Bien entendu devant les efforts individuels déployés pour la reconstruction, mais surtout le sentiment que la vie continuait. Malgré les innombrables tas (pour ne pas dire montagnes) de détritus cordés et classés selon les types d’artéfacts -voitures, appareils ménagers, bois de construction, végétaux- l’esprit japonais était même présent dans cet espace en ruine. Un esprit méticuleux, qui s’attarde au détail, un esprit fondé sur des gestes précis et des rituels collectifs. L’attention accordée aux formes physiques de toute chose. Si l’esprit d’un peuple se révèle dans la façon dont il aménage ses lieux, Pierre en faisait la rencontre encore plus palpable dans le parcours d’un territoire en reconstruction. Comme les humains, les traits fondamentaux d’une collectivité se révèlent dans ses pires moments. Et cet esprit du lieu se manifestait de façon encore plus présente, autant par les actions des gens que la subtilité dont le territoire véhiculait les marques.

 

Voyage à travers le voyage

Ce parcours d’un territoire en ruines a donné le ton pour la suite du périple, la rencontre de l’hiver qui allait suivre. Car ce passage dans la région de Sendai instaura chez Pierre un profond sentiment d’intériorité. D’un côté établi par la barrière du langage, mais également par l’obligation dont il se sentait maintenant investi. C’est-à-dire de ne pas prendre trop de place, d’être un témoin plutôt silencieux (comme les aiment les Japonais), disponible à recevoir ce que le paysage physique et humain serait prêt à lui partager. Et à quelques centaines de kilomètres plus loin se trouvait l’île d’Hokkaido, le territoire nordique japonais qui lui restait à parcourir.

Pour Pierre, la suite du voyage fut un long fleuve tranquille, une session d’isolement provoqué par l’hiver et magnifié par la distance culturelle et son mode de déplacement. Mais cette distance était ce qu’il recherchait. Un temps pour se retrouver avec ses pensées, confronté par une réalité différente, mais tenue en quelque sorte à distance par la voiture et ses déplacements constants. Pierre avait bien entendu quelques destinations incontournables, des points de références dans l’espace et le temps. Mais l’essentiel des décisions directionnelles provenait de ses désirs quotidiens, de ses rencontres, de ses découvertes. L’idée même du road trip en somme. Mais un roadtrip passé majoritairement en isolement, une solitude instaurée par la culture, par la voiture, par la saison. Se retirer pour se recentrer. Pour aller au fond de lui-même. Un voyage de 6 semaines à travers son grand voyage.

 

J pour…justement

Mais la question subsistait, comment Pierre allait-il revenir au Québec? Non pas sur le choix de la compagnie aérienne ou de la date à privilégier, mais bien comment allait-il réintégrer cette vie «normale», hors du mouvement du voyage, hors de l’esprit de rencontre et de dérive? Est-ce que ce temps de voyage serait suffisant à lui insuffler un nouveau souffle créatif? Allait-il retrouver ce désir qui lui faisait tant défaut avant son départ? Ou bien cette mouvance trouverait sa résolution dans l’écho du voyage? C’est-à-dire dans un temps ultérieur, quand surviendrait le retour? Pierre savait qu’il lui faudrait un temps pour y arriver, pour revenir et se réconcilier avec la communauté artistique et professionnelle dont il faisait partie. Ce voyage était la manifestation physique de ce déplacement de valeur, mais ce questionnement face à sa création émanait de bien avant son départ. En conversation avec Sabato, Pierre était lucide et ne se faisait pas d’illusions : «je suis revenu, mais mon sentiment de communauté est demeuré là-bas. Je ne me reconnais plus dans les préoccupations artistiques d’ici. Tout m’apparaît vide de sens et fondé sur des petites névroses personnelles.» Comme si pour Pierre il n’y avait plus de démarche ou projets créatifs pertinents. «Comment je vais faire pour retrouver le fil? On dirait que ce voyage ne m’a pas du tout permis de retrouver le fil. Au contraire! J’ai seulement réalisé combien, comment et pourquoi je me suis désaffecté de ma création.» Le voyage avait donc cimenté sa vérité intérieure.

Souvent les choses prennent beaucoup plus de temps que l’on aimerait ou que l’on avait prévu. Et si pour Pierre le temps sociétal ne coordonnait plus trop avec celui de la création, il lui apparaissait maintenant que cette dichotomie était un des plus grands défis pour les créateurs de notre temps. Pierre ne savait pas encore comment les structures et le système lui permettraient de vivre selon cette nouvelle perspective, mais il était bien résolu à respecter ses temps de création. Et cette réalisation était suffisante pour cette partie du voyage.