Dans mon ventre tiennent les deux mondes du ciel

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Images : C. Laranjo à l'Isle-aux Grues dans la naissance d'octobre 2016

Mots
se couchent dans le dashboard
Souliers de bateau
prennent les craques de roche
Blancheur de maison blanche accote mes ongles sales
Mes cheveux pognent dans les feuilles
La rivière me coule dans le cou
J'ai le début d'une aurore boréale au bord des lèvres
Je spotte les branches qui bruissent comme des petits animaux
Un chevreuil me surprend les fesses nues
Je mange un peintre
avec mes doigts
Je ne visite pas
sa maison
Dans mon ventre tiennent les deux mondes du ciel
Le noir devient un son.

Je m'habille pareil je sors les mains des couvertes pour faire prendre l'air à la brûlure je marche debout les yeux fermés je vois toutes les chenilles traverser la route
Je prends en photo l'inutile j'écris des signes invisibles avec un bâton
La toundra est pognée dans ma veste la Laurentienne tient dans mon étui à crayons
Je tutoie la peur la paix me connait
J'accepte le temps de mon insuffisance

Les câlisse de crisse
chantent
Tu dis regardez là-bas
et on est plus sûrs si tu parles de la mer ou des oies
sauvages